
Alors que mes filles étaient entrées goulûment dans les vacances estivales, profitant du soleil, de la piscine municipale, et de nos escapades, voilà qu’en fin d’été elles semblent être allées au bout de la saison. Elle savent que les « heures » sont comptées et que le 2 septembre sonne la fin de la récré. Ce sera une rentrée bien différente pour nous, puisqu’elles iront en classe pour la première fois de leur vie! La plus grande des deux entre en seconde. La plus jeune se trouvant la petite dernière, elle se serait trouvée seule avec moi pour entreprendre sa sixième. Or, elle n’a aucune difficulté d’apprentissage, aucun souci dans ses relations avec ses pairs et surtout, surtout, a une grande tendance à s’ennuyer dès qu’on ne l’occupe pas et qu’elle ne « sait pas quoi faire! »
Il nous est apparu évident, pour nous, ses parents, et pour elle, que le mieux était d’aller au collège. Notre collège de secteur est très bien. Ce n’est pas pour le fuir que mes enfants n’y allaient pas! C’est parce que nous avions un projet stimulant en soi à la maison. Mais, ma fille se retrouvant seule, ce projet devient moins attirant! Cela dépend toujours du tempérament des enfants! Ce choix est mûrement réfléchi depuis plus d’un an. Et l’année dernière, nous avons passé beaucoup de temps à travailler en classe maison de sorte que les filles puissent s’intégrer au mieux dans le système. De mon côté, j’ai orienté mes énergies afin de pouvoir retrouver un travail. Cela demeure dans le même créneau: de la suppléance à l’école! Cela me permet de continuer à faire ce que j’aime profondément (enseigner aux enfants) et cela a l’avantage de me placer dans le même horaire que mes filles (avec en plus un mercredi entier libre)!
Je serai donc là pour leur retour. Là pour les accueillir dans la maison , pour suivre leur travail scolaire et être attentive à leur vécu.
Ce changement de cap ne remet en rien les vingt-cinq années que j’ai consacré à l’instruction de mes huit enfants. Nous sommes juste arrivés au bout du concept IEF et ce qu’elle peut nous offrir: la réalité présente demande de savoir s’ajuster aux enfants eux-mêmes et leurs besoins. Cette décision va de soi pour nous! Un petit pincement au coeur, certes, mais aucun regret car nous avons tellement profité de ces belles années à prendre notre temps, à savourer une tisane pendant que le poêle ronronnait et que nous faisions une dictée dans le calme de la maison! De merveilleuses années!
J’ai la chance de ne pas être trop nostalgique! Le passé a été amplement vécu et le présent n’est pas le passé! Pour passer à la prochaine étape, il faut regarder devant et se dire « c’est… ». Ne pas se prendre les pieds dans le tapis du « c’était ». J’ai absolument confiance que mes enfants seront heureuses dans leurs nouveaux défis adaptés à leur étape de vie. Rien ne sera parfait, bien sûr! Mais, la vie nous y conduit! Un chemin différent existe, et d’autres l’empruntent avec bonheur. Ce n’est pas celui que nous suivrons.
L’IEF est un chemin particulier, marginal. Il est difficile de parler au nom de tout un courant et en tirer des bilans globaux. Chaque classe maison étant tellement unique! Tout ce que je peux dire est que notre école-maison a bien fonctionné. On pourrait dire aussi qu’elle nous a « réussi » dans le sens où mes enfants ont tous pu réintégrer sans problème les études et que ceux en âge de s’établir professionnellement ont pu le faire dans le domaine qu’ils espéraient. Après, on pourrait longuement débattre sur ce qu’est « réussir »!
A vous qui vivez l’IEF au présent, je n’aurai qu’un conseil: goûter pleinement la joie de travailler au calme, de nourrir de beauté et d’arts, de jeux, de nature, de nourriture intellectuelle vos enfants… Découvrir un escargot pendant une promenade et prendre le temps de l’observer, le dessiner, apprendre une poésie sans stress, prendre dans vos bras le petit qui veut se faire lire une histoire ou qui apprend ses premières syllabes: ça n’a pas de prix!