Leçon de choses sur le bouton d’or

DSC03462Cette petite fleur des champs se prête à un jeu d’enfant bien connu lors de promenades :on cueille la fleur et on la place sous le menton: « Aimes-tu le beurre? » Le halo jaune qui réfléchit sous le menton incrimine celui qui s’est fait questionner! Nous appelons cette petite fleur « bouton d’or », alors que les allemands la surnomment « fleur de beurre » (Butterblume) et les anglais « bol de beurre » (buttercup).

Mais que sait-on de cette jolie petite fleur qui pousse là où les prés ne sont pas traités? OnElsa Maartman Beskow (1874-1953) la nomme également « renoncule » du latin « ranunculus » petite grenouille, diminutif de « rana » rainette, car plusieurs espèces de renoncule sont aquatiques et constituent le repère idéal des amphibiens ( à noter que leur fleur est blanche). Le bouton d’or est , botaniquement parlant, la renoncule acre : petite fleur jaune brillante et toxique . 

Elle peut atteindre 50 centimètres de hauteur.

Ses racines, blanches et violacées, fixent la plante au sol. Une longue tige creuse, semblable à celle du pissenlit, porte les feuilles et les fleurs. Le calice est constitué de cinq sépales. La corolle comporte cinq pétales. Au coeur de la fleur se dressent les étamines nombreuses et formant une sorte de couronne de pollen qui reste sur nos doigts si on les touche. Lorsque l’on retire les pétales et les sépales, il ne reste que le pistil, constitué de petites boules vertes. En leur centre se trouve la future graine. Elle donne un fruit qu’on appelle l’akène.

Lorsqu’on dissèque la fleur, on remarque que les pétales sont en forme de goutte, et que les sépales forment une étoile. Une fois les étamines retirées, il ne reste que le pistil formé de plusieurs petites boules. La feuille dentelée, rappelle un peu celle du persil.

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 schema1Pourquoi la fleur réfléchit-elle sous le menton? La fleur est d’aspect brillante dans le but d’attirer les abeilles afin d’assurer sa reproduction.  Ses pétales concaves concentrent la lumière jaune sur une petite zone.  Les propriétés optiques de ces pétales   réverbèrent le soleil grâce à une couche lipidique sous l’épiderme de ses pétales afin que les abeilles les repèrent facilement. C’est cette couche lipidique qui confère la brillance, presque grasse, des pétales. Grâce à ce phénomène de réflexion,  les abeilles pensent voir le reflet du pollen! Ainsi la brillance des pétales et le réfléchissement des rayons ultra-violets assure la descendance de la fleur.

Des mythes grecques parle du bouton d’or. Ainsi « Ranonculus était un éphèbe, «toujours brillamment vêtu de jaune et de vert, doué d’une voix mélodieuse et charmante». Mais comme tout prince charmant, l’homme cachait un terrible défaut. Il était, comprend-on, atteint du syndrome de Narcisse. Un jour, alors que le bellâtre chantait pour un parterre de nymphes, il se prit d’amour pour sa voix et mourut. Impossible pour Apollon! Le dieu de la Poésie décida alors de le ressusciter sous la forme d’une fleur: la «renoncule». »1

La leçon est en partie tirée du manuels anciens J. Lasalmonie et P. Fournier, Leçons de choses au Cours Élémentaire, Delagrave (1958).

   

Nous avons travaillé à partir d’un petit fichier que j’ai créé pour les plus jeunes.

Pour télécharger le document de travail: Leçon de choses sur le bouton d’or

Bouton d'or 1 bis           Bouton d'or 2

Bouton d'or 3 bis        Bouton d'or 4

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Des enfants no logo

Alfred Eisenstaedtal, 1963 Théâtre de Marionnettes Paris

Chaque visage d’enfant sur la photo ci-haut est magnifiquement expressif. Chacun révèle sa personnalité. Il y a les « extravertis » qui crient, qui lèvent le bras, qui expriment une émotion intense; il y a les plus « introvertis » qui retiennent leurs souffle mais dont l’émotion se perçoit dans le regard captivé; il y a celle qui a compris le côté humoristique de la scène et qui  s’esclaffe; il y a le sensible dont le chahut intense des pairs dérange et qui se protège les oreilles mais sans quitter le récit des yeux; il y a le petit, tout en bas à droite, qui délaisse les marionnettes, distrait et intrigué par la caméra: pour lui le plus intéressant se passe en dehors du castelet.

Chacun de ces enfants appréhende le monde à partir de ce qu’il est. Chacun est unique.  Chacun,  pourtant, fait aussi partie d’un tout. Car tous ces enfants ne sont pas seulement uniques et différents, ils forment la foule des spectateurs de ce petit castelet et sans leur présence, leurs cris, leurs applaudissements, le spectacle n’est rien. Le groupe d’enfants devient un tout à travers l’ensemble des qualités expressives de chacun qui assiste au spectacle.

Comment faire l’équilibre entre la part unique et individuelle de l’enfant et l’esprit collectif à développer? Comment reconnaître l’unicité de l’être sans perdre le sens de la communauté? La question se pose…

Dans ma formation pour devenir professeur,  on nous avait mis en garde contre les étiquettes que l’on accolle au front des enfants :celui-ci est paresseux, celui-là est brillant, cet autre est le dernier de la classe… Ces étiquettes qui  individualisent certes mais qui enferment les enfants dans des rôles dans lesquels ils finissent par s’identifier et se conformer. Heureusement, nous entendons de moins en moins ces saubriquets « gratuits ».

 Ils ont été remplacés par d’autres . Et ces étiquettes ne sont plus gratuites, elles coûtent chères en bilans. Un nouveau marché lucratif a fait son chemin pour enfermer, avec la meilleure volonté du monde, des enfants dans d’onéreuses étiquettes. D’ailleurs, à ce prix, ce ne sont plus des étiquettes mais des logos de spécialistes arborés sur le front des enfants. Ainsi, cet enfant est dysorthographique, cet autre est dyscalculique, celui-là dysphasique, dyslexique ou dyspraxique. Et n’omettons par tous les HP, les précoces, les surdoués, les TDA…

Il ne s’agit pas de nier les handicaps ou les facilités des uns ou des autres. Cibler des « profils » peut permettre d’apporter des outils pédagogiques adéquats. Le danger est cependant celui de faire disparaître l’enfant derrière un terme qui l’enferme dans une case dont il ne sortira plus. Les profils et caractéristiques rattachés aux différents diagnostics figent trop souvent l’enfant dans une image attendue. Ainsi, un jeune de dix-sept ans affirmait à son professeur qu’il avait un déficit de l’attention car il était dyslexique et qu’il ne pouvait pas se concentrer dans le cours qu’il suivait, et n’essayait même plus d’ailleurs. Un autre parent d’enfant HP justifiait par son profil les crises de colère violentes de celui-ci en classe…

Ardèche | 1953 |¤ Robert Doisneau | 10 juillet 2015 | Atelier Robert Doisneau | Site officiel

On ne peut nier qu’il existe certains attributs qui se rattachent aux profils des enfants. Le danger est d’excuser l’enfant et de ne plus attendre de lui qu’il se comporte autrement puisque son diagnostic finit par le définir. Or, un enfant doit savoir qu’il est plus qu’une étiquette pédagogique, qu’il peut dépasser ses difficultés ou qu’il n’a pas à s’appuyer uniquement sur ses facilités et qu’il doit également apprendre à travailler. Idéalement, on devrait éviter de parler de ces différents diagnostics devant l’enfant, sans pour autant lui en cacher l’existence,  dans le but profitable de s’empêcher de l’y réduire.

Si nous pouvions détachés des enfants ces logos de spécialistes à qui les bilans profitent , nous élèverions des enfants no logo*…  On attendrait de chaque enfant qu’il travaille bien à partir de ce qu’il peut , peu importe le profil qu’il a; qu’il se comporte bien, peu importe la sensibilité qu’il possède. Car tous gagnent à apprendre à travailler et à respecter les autres.  Nous attendrions la même base de tous les enfants malgré leurs particularités et eux se sentiraient non plus des « cas » à part, mais bien membres d’un tout qu’on appelle l’humanité…

Sweet!

Rain catchers

*Je reprends sciemment le terme du livre (no logo) de Naomi Klein tout en l’utilisant dans un sens différent bien que symptômatique du même procédé qui relève d’une société de surconsommation. L’éducation n’y échappant pas…

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La pointe du Raz

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Parfois, le hasard fait bien les choses. Revenant de la pointe du Raz, je suis tombée sur un texte d’Anatole France qui en traite dans un extrait trouvé au fil des pages du carnet Du vocabulaire à la Rédaction » Livret de l’élève n°1  de David A. Nous venions quelques jours plus tôt d’assister à un coucher de soleil à cet endroit. L’endroit doit être propice à ce type de contemplation vers le plein ouest puisque l’auteur y relate un coucher de soleil dans son livre intitulé  Pierre Nozière.

C’est dans ces moments que l’on sent toute la force des mots lorsqu’ils s’appuient sur une expérience fraîchement vécue. ma fille a lu très attentivement, assez émue, ce poignant passage descriptif dont elle se souvenait parfaitement.

A la baie des Trépassés

Nous approchons du bout de la terre. Nous avons passé la région des genêts et des ajoncs… nous touchons à la pointe du Raz. Déjà, nous découvrons à notre droite, une plage pâle que creuse une mer blanche d’écueils. C’est la baie des Trépassés.

Ici, sur le promontoire qui s’avance entre deux côtes semées d’écueils, finit la terre. Au bout de l’étroit sentier dans lequels nous nous engageons, la mer déferle, et déjà l’embrun nous enveloppe. Devant nous, l’Océan, où le soleil se couche dans un lit de flammes, étend au loin la nappe magnifique de ses eaux, que déchirent, çà et là, les rochers noirs, fleuris d’écume et sur laquelle l’Ile de Sein, sombre et basse, dort au ras des lames.

C’est ici que l’Océan est terrible ; c’est ici qu’il est puissant. Les lames qui brisent à quarante pieds au-dessous de nous couvrent d’écume la falaise et nous jettent au visage leur rosée amère. Après chaque coup de vague, le rocher, de nouveau découvert, répand avec un bruit clair, par toutes ses pentes, des cascades argentées.

A notre gauche, fuit la ligne désolée de la baie d’Audierne jusqu’aux rochers funestes de Penmarch. A droite, la côte hérissée de falaises et d’écueils se courbe pour former la baie des Trépassés. Plus loin, nous voyons luire comme un feu rouge sur le cap de la Chèvre. Plus loin encore, la côte de Brest et les îles d’Ouessant, bleuissant à l’horizon, se confondent avec le bleu léger du ciel.

L’océan et les falaises changent à tout moment d’aspect. Ses lames sont tour à tour blanches, vertes, violettes et les rochers qui, tout à l’heure, faisaient briller leurs veines de mica, sont maintenant d’un noir d’encre. L’ombre vient à grands coups d’ailes. Les dernières gouttes de flamme tombées dans la mer s’éteignent. Une grande lueur orangée marque seule l’endroit où le soleil s’est couché. C’est à peine si nous voyons encore les murs de granit qui, debout ou ruinés, ferment la baie des Trépassés.

Cette heure est d’une tristesse mortelle, et tout ici, le rocher, la lande et la mer, et le sable livide de la baie, tout nous dit la désolation de vivre.

Anatole France

Pour télécharger le document de travail: A la baie des Trépassés

Pointe du raz 1     Pointe du raz 2

Pointe du raz 3   Pointe du raz 4

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Leçon de choses sur le vent

The History Of The 20th Century - BBC Archive (part 10)

BBC Archive

Lorsque vous ferez cette leçon de choses, je vous suggère fortement d’attendre un jour de vent. Ils ne manquent pas au printemps! Sortez alors et faites sentir aux enfants le vent ou plutôt l’effet du vent sur eux, sur leurs cheveux, sur leurs vêtements! Observez les arbres pencher leur cime sous son action… L’observation est essentielle pour les leçons de choses.

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De retour à la maison, posez la question: « D’où vient le vent? Comment se forme-t-il? » Les enfants savent en général qu’il s’agit de l’air. La leçon formelle permet de mettre un vocabulaire adéquat sur cette impression de « savoir »! C’est une première approche scientifique. La science consiste souvent à observer des phénomènes banals pour lesquels on emploie un langage précis, spécifique, de description. Ainsi, le vent est de l’air. Pour préciser, il faudra rajouter de l’air « en mouvement ». Le vent est ainsi une masse d’air qui se déplace.

Prenez un cahier et agitez-le devant le visage pour sentir l’effet de l’air en mouvement. Gonflez ensuite un ballon et laissez-le expirer l’air qui, sous la pression des parois, produira un déplacement vers l’extérieur. On peut diriger cet air sur un tas de farine ou sur de l’eau dans un bol et observer le déplacement qu’il entraîne.

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 Mais comment le vent, qui est un déplacement d’air, se forme-t-il?  Le vent  est produit par les différences de pression atmosphérique engendrées principalement par les différences de température. Il se forme lorsqu’une masse d’air chaud, provenant de l’air chauffé au sol, monte et rencontre une masse d’air froid. L’air chaud étant moins dense, la masse d’air froid cherchera à occuper la place de l’air chaud ce qui produira le déplacement de ce dernier. C’est donc sous l’effet de la température qu’une masse d’air chaud se déplace: par conséquent, ce manque d’air doit être remplacé pour équilibrer la pression. De la même façon que l’air s’échappe d’un ballon pour équilibrer la pression à l’intérieur du ballon avec la pression extérieure. Il serait faux de croire que le ballon se vide complètement d’air. En fait, il se videra jusqu’à ce que l’air restant dans le ballon soit à la même pression que la pression extérieure. A l’échelle de l’atmosphère, le vent est le moyen non pas d’équilibrer mais de tenter d’équilibrer la constante inégalité de pression à la surface de la Terre. En effet, l’équilibre n’est jamais atteint définitivement. Le climat est donc soumis à un régime de vents variables en direction et en intensité, ici pour compenser une dépression, là pour soulager un anticyclone qui est un excès de pression atmosphérique.

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D’où vient le vent? Grâce à la girouette, nous comprenons qu’il peut provenir des quatre points cardinaux. Ainsi, selon sa provenance, le vent nous apporte une météo bien différente! A ce stade, sortez un atlas et faites découvrir aux enfants pourquoi le vent du Nord apporte le froid, pourquoi celui d’ouest nous emmène la pluie. Celui d’est, bien qu’aigrelet, n’est (généralement) pas chargé de pluie. Enfin, on le comprend rapidement, le vent du sud est chaud. En hiver, il nous donne une impression de printemps. Les données géographiques de ce billet font références à une géolocalisation en France métropolitaine.

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Le vent du Nord, nous provient des terre glacées du Pôle Nord.  Nous l’apprécions en été, lorsque l’air est suffocant! Celui d’Ouest a soufflé au-dessus de cette grosse masse d’eau qu’est l’Océan Atlantique: on comprend mieux qu’il soit chargé de pluie puisque notre côte ouest baigne dans cette vaste mer. Celui du Sud nous arrive des pays d’Afrique où le climat est chaud. Attirons maintenant l’attention des enfants pour leur montrer le trajet du vent d’Est. Il traverse un immense territoire sur le continent. S’il était chargé d’humidité au départ de sa course, il a eu le temps de s’assécher au fil de son trajet quand il nous parvient. c’est pourquoi il n’est pas généralement pas chargé de pluie. Mais comme il nous parvient de Sibérie, il est souvent encore bien aigre en hiver! En été, il peut être sec et brûlant!

Image prise sur le blog La nature en Lorraine

Comment la nature utilise-t-elle le vent? Le vent est bien utile pour disperser les pollens et aider à la reproduction des plantes. Nous ne connaîtrions pas la joie de croquer dans une noisette si le vent ne dispersait pas les pollens des chatons de noisetiers en les emmenant sur les petits bourgeons rouges qui se trouvent un peu plus loin sur les branches. A l’automne, le vent transporte les petits duvets des pissenlits (les aigrettes), porteurs de graine, afin qu’ils essaiment tout autour! Et c’est ainsi pour plusieurs plantes qui sont ainsi aidées par le vent: les personnes allergiques aux pollens savent bien qu’il est des saisons où la nature les dispersent par voie aérienne…

L’utilité du vent aujourd’hui. Les enfants ont certainement vu des moulins à vent, ne serait-ce qu’en illustration. Ils savent que les meuniers utilisaient le vent pour moudre le grain et obtenir de la farine. « Meunier, tu dors, ton moulin, ton moulin bat trop vite…« ! Aujourd’hui encore nous construisons des moulins, certes différents, mais qui utilisent aussi sa force afin de produire de l’électricité: ce sont les éoliennes.

« Eolienne »… d’où vient ce nom? Eole, le dieu du vent dans la mythologie grecque, nous donne droit à un merveilleux récit dans l’Odyssée. On peut en retrouver un extrait fort bien écrit dans le manuel « Une semaine avec… » de Marcel Berry: L’outre d’Eole.

 Les vents portent des noms. Cette habitude nous vient des récits mythiques de l’Antiquité où les phénomènes naturelles était reliés à des dieux. Nous avons mentionné Eole, mais il existait également Borée, Notos, Euros et Zéphyr. Aujourd’hui encore nous avons gardé l’habitude de nommer les vents. Selon leur provenance et la région où ils soufflent les voici devenus en France: tramontane, mistral, suroît,  nordoît, vent d’autan,  foehn, sirocco …

Il y aurait tant à dire encore sur le vent. Mais après une telle leçon, si vous êtes rentrés les oreilles gelées et les joues rougies, une bonne infusion réchauffera tout le monde, pendant que les enfants complèteront en même temps leur cahier .

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Cette leçon a été inspirée par des manuels de leçons de choses que l’on peut consulter sur le site de Manuels anciens dans la section Sciences CM-CS.

Girouette parapluie

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Lecture: Le Kon-tiki

Il est des récits vivants qui nous rendent meilleurs après qu’on les a lus. C’est le cas de l’expédition du Kon-Tiki. Thor Heyerdahl est un anthropologue, archéologue et navigateur norvégien qui  entreprit , en 1947, de prouver sa théorie sur le peuplement de la Polynésie par les Indiens péruviens il y a plus de quinze siècles. Il fit donc de l’archéologie expérimentale et entreprit, avec cinq collègues, la traversée de l’océan Pacifique, dans les conditions supposées des gens de cette période, soit sur un radeau! Il pense que les Indiens ont dû dériver grâce aux courants favorables du Pacifique qui les auraient guidés immanquablement dans les îles depuis le Pérou. C’est un pari fou, audacieux, qu’il réussira à prouver après 8000 kilomètres de navigation  en 3 mois et demi. Thor Heyerdahl ne savait pas nager!

Ce récit est passionnant! L’extrait choisi le fut pour la richesse de vocabulaire et l’emploi du passé simple utilisé pour sa narration. Il est extrait d’un manuel ancien.

Sur le Kon-Tiki

En 1947, six jeunes Norvégiens décident de traverser l’Océan Pacifique. Ils pensent, en effet, que des Indiens du Pérou, il y a environ quinze siècles, ont quitté la côté péruvienne sur des radeaux et sont allées peupler les îles de la Polynésie. Ils veulent suivre le même chemin. Construisant un radeau qu’ils nommeront le Kon-Tiki (nom du Dieu-Soleil chez les Indiens) ils quitteront le Pérou et atteindront effectivement les îles Touamotou après un voyage de cent jours, tour à tour dramatique et merveilleux.

1          Dès le premier jour où nous fûmes seuls sur la mer, nous remarquâmes qu’il y avait des poissons autour du radeau, mais nous étions alors trop occupés par la manœuvre de la barre pour songer à pêcher. Le second jour nous entrâmes dans un banc épais de sardine et peu après un requin bleu de huit pieds (2,60 m), roulant sur lui-même, mit en l’air son ventre blanc et vont se frotter contre l’arrière du radeau où Herman et Beng, leurs pieds nus dans l’eau, étaient à la barre. Il joua un moment autour de nous, mais disparut quand nous nous approchâmes le harpon à la main.

2          Le lendemain nous reçûmes la visite de thons, de bonites et de dorades. Un grand poisson volant étant tombé à bord avec un bruit mat, nous l’employâmes comme appât et prîmes aussitôt deux grosses dorades pesant dix à quinze kilos pièce. Nous avions à manger pour plusieurs jours. Pendant nos quarts nous pouvions voir des quantités de poissons que nous ne connaissions même pas et un jour nous nous trouvâmes au milieu d’un important banc de marsouins, qui ne semblait jamais prendre fin. Les dos noirs roulaient, se tassaient les uns près des autres le long du radeau et, si loin que nous puissions voir de la tête du mât, ils surgissaient çà et là sur toute l’étendue de la mer.

3          Plus nous approchions de l’équateur, en nous éloignant de la côte, plus les poissons volants devenaient fréquents. Arrivés enfin dans les eaux bleues où la mer, calme et ensoleillée, se déroulait majestueusement, à peine frisée par de légères bouffées de vent, nous les vîmes briller comme une pluie de fusées qui jaillissaient de l’eau et volaient en ligne droite jusqu’au moment où, leur puissance de vol épuisée, ils disparaissaient sous la surface des flots.

4          Si la nuit nous sortions la petite lampe à pétrole, des poissons volants de toutes tailles, attirés par la lumière, se précipitaient au-dessus du radeau. Ils se heurtaient souvent contre la cabine de bambou ou la voile et tombaient sur le pont, tout perdus. Ne pouvant prendre l’élan qu’en nageant, ils gigotaient impuissants…

Un riche fonds de mets délicieux nous arrivait ainsi par la voie des airs. Le poisson remplaçait le poulet rôti. Nous les faisions frire pour le petit déjeuner.

Thor Heyerdahl

      Kon tiki a  Kon tiki b

Pour télécharger le document de travail: Sur le Kon Tiki Lecture CM1

Pour pousser plus loin, je me suis procuré les livres sur le sujet. Il existe dans la vieille édition Idéal bibliothèque « L’expédition du Kon Tiki » de Thor Heyerdhal. Je choisis sciemment une vieille édition afin de m’assurer de la richesse de la langue. La version jeunesse de 200 pages est bien adaptée pour les enfants du CM1. Quant à ma collégienne, je lui ai choisi la version de poche qui est le  récit complet.

   

On peut trouver sur Youtube des reportages sur le sujet.

Je ne saurais passer sous silence l’excellent film biographique qui porte sur le Kon Tiki! Pour les âmes sensibles, à part une scène « saignante » avec un requin , le reste du film (pour mémoire) peut être vu en famille.

 

 

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Leçon de choses: les bourgeons de marronnier

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Bien que le froid des derniers jours puisse nous faire douter du printemps, des signes  évidents nous montrent qu’il arrive bientôt. La nature se réveille doucement après l’hiver. Les bourgeons commencent à gonfler. C’est le cas de ceux des marronniers que nous avons aperçus au cours d’une promenade! Les leçons de choses sont des moments privilégiés  pendant lesquels nous prenons le temps d’observer le monde qui nous entoure afin de mieux le connaître. Une question surgit: pourquoi les bourgeons sont-ils de différentes grosseurs? Est-ce dû à une maturité à géométrie variable? C’est en voulant répondre à cette question que cette leçon de choses est née.

 Les bourgeons du marronnier sont disposés deux à deux sur la branche. Les plus gros se trouvent tous à l’extrémité des branches (certaines branches en portent deux). On les désigne  sous le nom de bourgeon terminal. 

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Pourquoi le bourgeon terminal est-il plus volumineux ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord ouvrir les bourgeons petits et gros afin de mieux comprendre ce qu’ils recèlent. Les petits, sous une petite bourre cotonneuse,   renferment  la feuille palmée à cinq folioles  sous forme embryonnaire. Les gros, en plus de la feuille, portent  également la grappe de fleur printanière pas encore éclose.

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Le bourgeon est recouvert d’écailles disposées deux par deux et qui se recouvrent les unes les autres. Lorsqu’on le touche: les doigts collent. C’est dû à la résine qui imperméabilise et protège le bourgeon de la pluie – sans quoi il risquerait de pourrir. On peut observer la trace que cette résine laisse sur le papier en s’en servant d’outil « scripteur » pour être dans le jargon bien tendance.

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Les écailles sont brunes vers l’extrémité, et vertes vers le coeur. Avec l’arrivée des beaux jours, elles s’écartent et verdissent entièrement. Les petites feuilles portées par leurs tiges poussent et apparaissent. Les grappes de fleur se développent. Puis, une tige, d’abord verte et qui brunira par la suite, va croître. Un nouveau rameau est formé!

Cette leçon de choses a été inspirée par celle que l’on retrouve sur le site Manuels anciens dans le manuel « Exercices d’observation » CE1-CE2-CM1-CM2 d’Orieux et Everaere« .

   

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Les méthodes « ordinaires »

Albert Anker

Après m’être lancée dans l’apprentissage de l’italien il y a quelques temps, je me suis rendue compte que je n’accrochais vraiment pas aux méthodes auxquelles j’ai facilement accès sur internet et qui me promettent toutes d’apprendre la langue sans effort et rapidement. Chacune prétend être une méthode différente des approches classiques et traditionnelles. Moi, je ne veux pas d’une méthode « différente », je veux une approche bien classique avec sa grammaire et son vocabulaire bien ciblé! Mais il semble que ce soit une quête bien rare, et que ces approches prétendues « originales » soient en fait devenues la « norme »!

J’ai ce même sentiment quand je navigue dans les discussions au sujet des approches pédagogiques en général. On bat en brèche les approches traditionnelles que tout le monde fantasment  comme étant encore celles pratiquées dans les écoles. Or, c’est absolument faux! On n’enseigne peu (ou plus) les matières avec une approche classique . Depuis plusieurs décennies, on prétend toujours innover avec des approches nouvelles qui sont en fait devenues  la norme et enseignées dans les IUT. Il est très difficile pour les professeurs de faire autrement puisqu’ils doivent veiller non plus aux connaissances mais aux compétences de leurs élèves.

Les parents qui démarrent l’école maison sont souvent submergés par les différentes méthodes qui s’offrent à eux. Combien de fois m’a-t-on demandé quelle méthode je jugeais la meilleure… « Est-ce que Montessori est vraiment la meilleure méthode pour commencer? Je trouve que c’est cher mais en même temps je ne veux pas passer à côté »… « Est-ce que les méthodes Waldorf sont assez poussées? Elles m’attirent, mais j’ai peur que le niveau soit insuffisant » … « En vous lisant, je  crois comprendre que vous vous inspirez de Charlotte Mason… Vous en pensez quoi? »…

A chaque fois ma réponse est très peu flamboyante. J’ai parfois été influencée par ces approches  -en vogue en ce moment- mais je ne m’y suis jamais investie afin d’entrer dans leur « tout ». L’approche de Charlotte Mason (qui date de la fin du 19e siècle) est sans doute celle de laquelle je me rapproche le plus avec ses  trois moyens éducatifs « l’atmosphère, la discipline de l’habitude et la présentation d’idées vivantes ».  Mais, je l’ai connu trop tardivement pour avoir subi une quelconque influence de sa part et je ne partage pas son approche de la grammaire.

En éducation je n’ai aucune prétention autre que celle de m’inscrire dans les pas de milliers et milliers de professeurs qui m’ont précédée. Je pense à mes propres professeurs qui m’ont fait tant aimé l’école enfant. Je songe à ma cousine qui a démarré sa formation alors que j’étais en maternelle et qui a sans nul doute possible déterminé ma future vocation. Je n’oublie pas non plus ma belle-mère qui m’a partagé son matériel au tout début de ma classe maison. Enfin, au fil des ans, les vieux manuels anciens écrits par des professeurs des années cinquante et soixante m’ont particulièrement influencée. Je leur rends hommage d’avoir appris à des millions d’enfants à lire et écrire en les mettant au contact  de textes choisis d’une grande richesse. On leur doit aussi la qualité des grands mathématiciens qui ont été la fierté du pays.

Je pense aussi à ces quelques professeurs d’aujourd’hui qui ont conçu un matériel moderne à partir de la structure des manuels anciens: je songe à Catherine Huby d’une part et au GRIP d’autre part. Catherine Huby est à mes yeux l’une des plus grandes pédagogues contemporaines, mais beaucoup trop « innovante » par son approche classique (si je peux me permettre cet oxymore) qu’elle demeure sans doute incomprise du marché lucratif qu’est devenu le monde pédagogique. Elle a conçu un merveilleux livre sur la maternelle du XXIe siècle. Bien que ce livre s’inscrive davantage dans un esprit de maternelle en établissement, sa conception du monde de la petite enfance est totalement rafraîchissant et respecte  les règles de l’enfance telle qu’on peut la souhaiter à la maison également! Elle a oeuvré longtemps dans les multi-classes et offre  de nombreux conseils sur son blog pour gérer plusieurs niveaux dans une petite classe rurale. Les parents enseignant à plusieurs enfants en même temps peuvent y trouver des astuces fort précieuses!

J’aime la simplicité de ces approches traditionnelles. On rejoint  sur ce point Charlotte Mason avec la discipline de l’habitude. Ces méthodes invitent à un travail constant et sans prétention. C’est de la pédagogie « ordinaire ». On part du plus simple pour aller au plus complexe, graduellement! On en fait un petit peu, régulièrement afin de rendre solides les bases. Ces méthodes s’appuient également sur une connaissance de l’enfance qui tranche avec ce que nous en concevons aujourd’hui. On ne les « divertit » pas, on les instruit. Ce qui ne veut pas dire que ces approches ne recèlent pas d’innombrables astuces pour égayer la transmission.

Ces méthodes ont maintes fois été décriées injustement. Pierre Jacolino replace l’efficacité de l’école d’autrefois dans son contexte. Son analyse diffère des lieux communs qu’on trouve généralement dans les écrits sur le sujet. Si ces approches ne sont pas du tout tendances, elles sont pourtant à redécouvrir! Ce sont des pédagogies « ordinaires » et leur simplicité est plus que rafraîchissante. Elles offrent un son de cloche différent dans un monde normé qui se croit encore en marge alors que ces pédagogies dites nouvelles incarnent le conformisme actuel…

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Leçon de choses: le perce-neige

Le perce-neige ... quelques gravures

 

Ida BOHATTA MORPUGO

 

C’est l’une des première fleurs qui nous fait espérer le printemps. A la fin de l’hiver, le perce-neige se parsème délicatement sur les parterres en février et mars. Dans les régions faiblement enneigées, la fleur réussit même à éclore en perçant  la couche de neige  d’où son appellation. Son nom scientifique est  Galanthus nivalis « fleur de lait » « des neiges ». On la retrouve également sous différentes appellations toutes plus poétiques les unes que les autres,  telles que goutte de lait,clochette d’hiver, galanthine, galant d’hiver, galanthe des neiges.

Cette fleur est classée dans la famille des Amaryllidacées qui sont des plantes bulbeuses. Elle peut atteindre jusqu’à quinze centimètres de hauteur.

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Elle est constituée de trois tépales extérieurs oblongs blancs et trois tépales intérieurs, plus petits, en forme de coeur, rayés verts et blancs. On dit tépales lorsque les sépales et pétales d’une fleur se ressemblent! Chaque fleur a deux longues feuilles étroites qui ressemblent à des brins d’herbe plus épais. La tête de la fleur penche vers le sol. Elle dégage un doux parfum de miel. La dispersion des graines est assurée par les fourmis.

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Gulliver

Au retour des vacances, nous avons entamé le nouveau thème de lecture qui porte sur le voyage en mer et sur les eaux. La première série d’extraits porte sur le fabuleux roman satirique de Jonathan Swift, plus précisément après qu’un naufrage ait fait échouer Lemuel Gulliver sur l’île de Lilliput où vivent de minuscules habitants. Un récit qui m’a fascinée enfant! Les trois extraits sont tirés du manuels scolaires anciens « Une semaine avec… » de Marcel Berry que l’on retrouve sur le site Manuels anciens. Le tapuscrit a été réalisé par Pierre Jacolino. J’y ai ajouté mon travail habituel de lecture inspiré en partie du manuel de Berry.

                                                     I – Prisonnier des nains
1. Quand je m’éveillai, il faisait grand jour. Je voulus me lever, impossible ; mes bras
et mes jambes étaient attachés à la terre par des milliers de fils, ma tête était retenue au sol par mes cheveux, tendus un par un au moyen de pieux minuscules fichés en terre. Il semblait que je fusse pris au piège d’une immense toile d’araignée. 

2. Je sentis quelque chose courir sur tout mon corps, et je crus à une invasion de
souris. C’était une multitude de créatures humaines à peine hautes comme la main et armées de flèches, qui grimpaient et descendaient le long de mon corps en poussant des cris aigus, en prononçant d’une voix aigre des paroles inintelligibles pour moi ! Ces insectes humains me traitaient comme une cible en me lançant une grêle de flèches, et je me trouvai bientôt transformé en pelote d’aiguilles.

                                                                           . . .

                                                                          

                            La suite du récit sur le dossier du site Littérature au primaire

Pour retrouver les trois extraits de Gulliver tirés du manuel de Berry et mis en version Word par Pierre Jacolino: Gulliver en version Word

Pour télécharger le travail d’accompagnement du texte:  Gulliver CM1 .

 

Gulliver 1                   Gulliver 2

 

Gulliver3           Gulliver 4

 

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Pour démarrer le matin

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J’aime que la journée s’entame avec un mot copié dans le cahier. Il s’agit parfois de devinettes, d’énigmes, de mots riches de vocabulaire, de proverbes, de virelangues, de citations. Une courte phrase suffit. Quand elle exprime une noble idée c’est encore mieux! Durant cette courte période, l’enfant est appelé à écrire avec soin. Pour alimenter cette période,j’ai trouvé chez Charivari une mine de ressources qui égaye ce temps. Les exemples illustrés sont tirés des phrases 16 petits bonheurs.

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Le bonheur d’écrire au début de la journée et de décorer joliment son cahier: c’est si précieux et cela démarre bien la journée!

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