Le soir de la Saint-Jean revêt une douceur particulière à la maison. Nous savons que l’été s’installe durablement pour nous. Nous n’allons jamais au-delà de cette date pour l’école à la maison. Ce soir-là plus que tout autre – surtout s’il fait beau – nous nous installons pour veiller et observer le jour le plus long se transformer en spectacle nocturne. Il s’accompagne souvent du récit de la parade des fleurs où l’on prépare une assiette délicate pour les fées. Il n’est même pas besoin de croire aux fées pour se réjouir les yeux du spectacle d’une telle assiette… On sait que les petits oiseaux et les insectes ont le même régime que les fées!
Ces soirs où la fraîcheur nous envahit lentement, au moment où le soleil fêtard finit par rejoindre l’horizon, règne un bonheur discret, gratuit, qui nous offre mille surprises si nous savons être attentifs. C’est parfois le vol des chauve-souris qui chassent les insectes au-dessus de nos têtes ou la joie de découvrir un vers luisant qui illumine l’herbe en un point vert fluo.
Cette année encore nous avons eu une surprise qui marquera nos souvenirs à jamais. La belle chevêche d’Athéna qui habite le toit de notre grenier est venue se joindre à notre soirée sur la branche morte de l’abricotier. Elle a passé un petit quart d’heure en notre compagnie, chacun étouffant sa voix et ses gestes pour ne pas la faire s’enfuir! A l’heure où le détail des objets devient noir, nous voyions la petite chouette telle une ombre chinoise sur fond de ciel rose violacé.
Il est impossible d’acheter un tel moment! La nature ne se paie pas. On ne commande pas une chouette le 24 juin, ni un vers luisant pour la même date. La nature nous en fait généreusement cadeau pour peu que nous prenions le temps d’être parmi elle.
Et même quand rien d’extraordinaire ne se produit, se noue en filigrane le bien-être du temps passé ensemble. Les voix se font plus douces; nous sortons une grosse couverture pour nous blottir par terre avec le nez au vent, écrasés que nous sommes par la splendeur de la voûte céleste. Nous sommes tout petits devant l’univers. Nous sommes même insignifiants! Qu’il est bon de se sentir aimés dans de telles conditions de vertige!
Toujours un moment précieux de te lire. Merci.
Merci Eléonore!