Il est des récits vivants qui nous rendent meilleurs après qu’on les a lus. C’est le cas de l’expédition du Kon-Tiki. Thor Heyerdahl est un anthropologue, archéologue et navigateur norvégien qui entreprit , en 1947, de prouver sa théorie sur le peuplement de la Polynésie par les Indiens péruviens il y a plus de quinze siècles. Il fit donc de l’archéologie expérimentale et entreprit, avec cinq collègues, la traversée de l’océan Pacifique, dans les conditions supposées des gens de cette période, soit sur un radeau! Il pense que les Indiens ont dû dériver grâce aux courants favorables du Pacifique qui les auraient guidés immanquablement dans les îles depuis le Pérou. C’est un pari fou, audacieux, qu’il réussira à prouver après 8000 kilomètres de navigation en 3 mois et demi. Thor Heyerdahl ne savait pas nager!
Ce récit est passionnant! L’extrait choisi le fut pour la richesse de vocabulaire et l’emploi du passé simple utilisé pour sa narration. Il est extrait d’un manuel ancien.
Sur le Kon-Tiki
En 1947, six jeunes Norvégiens décident de traverser l’Océan Pacifique. Ils pensent, en effet, que des Indiens du Pérou, il y a environ quinze siècles, ont quitté la côté péruvienne sur des radeaux et sont allées peupler les îles de la Polynésie. Ils veulent suivre le même chemin. Construisant un radeau qu’ils nommeront le Kon-Tiki (nom du Dieu-Soleil chez les Indiens) ils quitteront le Pérou et atteindront effectivement les îles Touamotou après un voyage de cent jours, tour à tour dramatique et merveilleux.
1 Dès le premier jour où nous fûmes seuls sur la mer, nous remarquâmes qu’il y avait des poissons autour du radeau, mais nous étions alors trop occupés par la manœuvre de la barre pour songer à pêcher. Le second jour nous entrâmes dans un banc épais de sardine et peu après un requin bleu de huit pieds (2,60 m), roulant sur lui-même, mit en l’air son ventre blanc et vont se frotter contre l’arrière du radeau où Herman et Beng, leurs pieds nus dans l’eau, étaient à la barre. Il joua un moment autour de nous, mais disparut quand nous nous approchâmes le harpon à la main.
2 Le lendemain nous reçûmes la visite de thons, de bonites et de dorades. Un grand poisson volant étant tombé à bord avec un bruit mat, nous l’employâmes comme appât et prîmes aussitôt deux grosses dorades pesant dix à quinze kilos pièce. Nous avions à manger pour plusieurs jours. Pendant nos quarts nous pouvions voir des quantités de poissons que nous ne connaissions même pas et un jour nous nous trouvâmes au milieu d’un important banc de marsouins, qui ne semblait jamais prendre fin. Les dos noirs roulaient, se tassaient les uns près des autres le long du radeau et, si loin que nous puissions voir de la tête du mât, ils surgissaient çà et là sur toute l’étendue de la mer.
3 Plus nous approchions de l’équateur, en nous éloignant de la côte, plus les poissons volants devenaient fréquents. Arrivés enfin dans les eaux bleues où la mer, calme et ensoleillée, se déroulait majestueusement, à peine frisée par de légères bouffées de vent, nous les vîmes briller comme une pluie de fusées qui jaillissaient de l’eau et volaient en ligne droite jusqu’au moment où, leur puissance de vol épuisée, ils disparaissaient sous la surface des flots.
4 Si la nuit nous sortions la petite lampe à pétrole, des poissons volants de toutes tailles, attirés par la lumière, se précipitaient au-dessus du radeau. Ils se heurtaient souvent contre la cabine de bambou ou la voile et tombaient sur le pont, tout perdus. Ne pouvant prendre l’élan qu’en nageant, ils gigotaient impuissants…
Un riche fonds de mets délicieux nous arrivait ainsi par la voie des airs. Le poisson remplaçait le poulet rôti. Nous les faisions frire pour le petit déjeuner.
Thor Heyerdahl
Pour télécharger le document de travail: Sur le Kon Tiki Lecture CM1
Pour pousser plus loin, je me suis procuré les livres sur le sujet. Il existe dans la vieille édition Idéal bibliothèque « L’expédition du Kon Tiki » de Thor Heyerdhal. Je choisis sciemment une vieille édition afin de m’assurer de la richesse de la langue. La version jeunesse de 200 pages est bien adaptée pour les enfants du CM1. Quant à ma collégienne, je lui ai choisi la version de poche qui est le récit complet.
On peut trouver sur Youtube des reportages sur le sujet.
Je ne saurais passer sous silence l’excellent film biographique qui porte sur le Kon Tiki! Pour les âmes sensibles, à part une scène « saignante » avec un requin , le reste du film (pour mémoire) peut être vu en famille.
Très intéressant… Je vais m’en inspirer cette semaine 🙂
Merci.
C’est tout à fait un texte pour ta classe-maison!
Je l’ai utilisé hier… 🙂 Tu me connais bien car, effectivement, j’adore ce genre de texte ! Merci du partage.
😀
Quelle belle étude, je la garde sous le coude pour ma grande. Merci !
Ma fille est dans une phase « pirate » et tout ce qui concerne les voyages sur mer la passionne en ce moment! Et ce récit est particulièrement captivant, voire époustouflant!
Mille mercis pour cette belle étude qui tombe à pic !
Il y a deux coquilles dans le texte: il manque un r au verbe surgissaient au paragraphe 2. Dans le paragraphe 5, le verbe arrivait doit etre au singulier.
Belle journée et encore merci pour vos partages si intéressants.
Merci Gris Fleur! j’ai aussitôt corrigé sur les documents!