
Albert Anker
Comment insuffler le désir d’accomplir son travail scolaire à notre enfant? Comment lui expliquer qu’il peut réellement être satisfait quand il a accompli son travail? Mieux qu’un témoignage, laissons Victor Hugo s’exprimer sur ce sujet. Ce texte est tiré du manuel scolaire « Bien agir » cours élémentaire de Dirand et Blanc, que vous pouvez consulter sur le site Manuels anciens. Ces mots sont particulièrement touchants (bien que dits dans un contexte suranné que le lecteur saura remettre dans le contexte du 19 e siècle) et la démarche généreuse de l’auteur est poignante.
A l’occasion d’un séjour chez l’un de ses amis à Veules, près de Valéry-en-Caux, Victor Hugo donne un banquet aux cent petits enfants les plus pauvres de la commune. Tous ont reçu un billet pour une tombola qui suivra le repas et tous les billets gagneront.
Victor Hugo arrive à l’hôtel où doit avoir lieu le banquet. Après l’exécution de la Marseillaise, le Maire adresse au poète les remerciements qui sont dans tous les cœurs et l’instituteur les hommages et les vœux des enfants.
Victor Hugo prononce à son tour les paroles que vous allez lire et que vous devriez apprendre par cœur pour ne pas les oublier.
Mes chers enfants
Vous êtes petits, vous êtes gais, vous riez, vous jouez, c’est l’âge heureux. Eh bien, voulez-vous – je ne dis pas être toujours heureux, vous verrez plus tard que ce n’est pas facile, – mais voulez-vous n’être jamais tout à fait malheureux? Il ne faut pour cela que deux choses très simples: aimer et travailler.
Aimez bien qui aime; aimez aujourd’hui vos parents, aimez votre mère; ce qui vous apprendra doucement à aimer votre patrie, à aimer la France, notre mère à tous.
Et puis, travaillez. pour le présent, vous travaillez à vous instruire, à devenir des hommes, et, quand vous avez bien travaillé et que vous avez contenté vos maîtres, est-ce que vous n’êtes pas plus légers, plus dispos? Est-ce que vous ne jouez pas avec plus d’entrain? C’est toujours ainsi; travaillez et vous aurez la conscience satisfaite.
Quand la conscience est satisfaite, et que le cœur est content, on ne peut pas être entièrement malheureux.
Pour le moment, mes chers petits convives, ne pensons qu’à nous réjouir d’être ensemble, et faites, je vous pris, honneur à mon déjeuner de tout votre appétit. je désire que vous soyez seulement aussi contents d’être avec moi que je suis heureux d’être avec vous.
MERCI pour ce beau texte inspirant !
Merci de partager avec nous cette belle intervention de Victor Hugo ! On ne parle plus guère de la conscience aujourd’hui, et pourtant former la conscience de nos enfants est très important pour leur équilibre psychologique et le développement de relations harmonieuses avec les autres.
Je suis bien d’accord. La littérature offre une formation inestimable pour l’esprit des enfants et des jeunes.