A en écouter les experts, la dictée serait totalement inutile voire nuisible car elle serait le signe de la domination de celui qui sait sur celui qui ne sait pas…Elle laisserait un goût de stress traumatique chez l’élève qui l’exécute avec une boule au ventre et mettrait en avant la différence des classes sociales où l’orthographe est mieux maîtrisée chez les gens aisés que défavorisés.
En effet, vu sous cet angle, il est sans doute préférable que les experts n’utilisent pas la dictée… mais le reste de l’humanité peut y avoir recours sans danger! La dictée demeure un outil: si nous tenons le marteau par la tête et tapons avec le manche, nous aurons peu de résultats…
Il y a différentes bonnes façons d’avoir recours à la dictée. L’idéal est de la tirer de la lecture du jour et de la choisir en fonction des notions de grammaire et d’orthographe qui sont vues à ce moment. Personnellement je ne procède jamais ainsi pour la simple et bonne raison que je n’ai pas le temps. Donc, je ne fais pas l’idéal, je fais ce que je peux! Je les sélectionne parmi les manuels de dictées que je possède en fonction des notions que mon enfant voit dans la semaine. Et ça marche!
La dictée, donc, peut être tout autre chose qu’un outil de torture qui met en évidence tout ce que l’on ne sait pas! Elle devrait être tout autre chose… Mes enfants adorent faire des dictées! Portrait surréaliste? Tableau idyllique? Absolument pas! Dès lors qu’elle offre un joli morceau de texte de la langue française et qu’on apprend ensemble à en décoder les rouages elle devient appréciée.
Pour les premières années, le choix de la dictée se porte essentiellement sur des textes simples qui contiennent le vocabulaire qu’un jeune enfant peut maîtriser. Elle est le prétexte à asseoir les connaissances de l’orthographe des mots qu’il utilise. Elle lui permet également de commencer à réfléchir sur de petits accords de genre et de nombre, ainsi que de maîtriser graduellement la conjugaison.
Puis les textes s’étoffent un peu plus. Je mets graduellement les enfants au défi de résoudre de petites questions : accorder des adjectifs avec les noms, par exemple, ou savoir écrire les verbes qui suivent une préposition.
Durant les années du primaire, mon but est de les faire pratiquer la langue écrite tant au niveau de l’orthographe que de l’accord des différents mots. Nous apprenons également la nature de ces mots et leur fonction dans la phrase. Ainsi on souligne les mots selon un code de couleur et on s’interroge sur qui fait quoi. On analyse également certains mots. On apprend à réfléchir sur le sens et la compréhension de la phrase si importants pour saisir la lecture pleinement.

Image prise sur L’amour du temps
Je ne les laisse jamais seuls dans leurs réflexions. Je répète sans cesse des questions au fil de l’exercice dicté: « qui a soufflé sur les feuilles? », « qu’est-ce qui est bleu? », « que mettons-nous au début de la phrase? », « comment écrit-on le verbe qui suit la préposition à ? » . Mon but n’est jamais de les piéger et de leur montrer qu’ils ont échoué à savoir écrire correctement les mots de la semaine. La dictée au primaire est un entraînement sans stress visant à ce qu’ils développent les bons réflexes. Un peu comme une conduite accompagnée! Je veux que mes questions deviennent des automatismes lorsqu’ils écrivent par eux-mêmes à d’autres moments.
En fin de primaire et au collège, lorsque la langue commence à être bien maîtrisée la dictée devient un défi de concentration et de mémorisation. Elle évolue vers une conscience de la langue écrite et mes enfants doivent réfléchir « sans filet » aux accords et aux caprices de l’orthographe. A ce stade, les fautes sont peu nombreuses et la satisfaction est réelle.
Plus ils acquièrent de l’aisance dans la dictée, plus les extraits sont riches et nous ravissent. Ce sont des instantanées où les grands auteurs viennent brièvement nous inspirer en début de journée…
Voici une dictée pour la fin du primaire ou pour le collège à offrir un jour de pluie:
« La pluie froide et tranquille, qui tombe lentement du ciel gris, frappe mes vitres à petits coups comme pour m’appeler ; elle ne fait qu’un bruit léger et pourtant la chute de chaque goutte retentit tristement dans mon cœur. Tandis qu’assis au foyer, les pieds sur les chenets, je sèche à un feu de sarments la boue salubre du chemin et du sillon, la pluie monotone retient ma pensée dans une rêverie mélancolique, et je songe. Il faut partir. L’automne secoue sur les bois ses voiles humides. Cette nuit, les arbres sonores frémissaient aux premiers battements de ses ailes dans le ciel agité, et voici qu’une tristesse paisible est venue de l’occident avec la pluie et la brume. Tout est muet. Les feuilles jaunies tombent sans chanter dans les allées ; les bêtes résignées se taisent ; on n’entend que la pluie ; et ce grand silence pèse sur mes lèvres et sur ma pensée. »
Anatole France
Quelques idées pour trouver des dictées
Primaire:
- Dictées pour le CP: La bonne méthode de dictée CP
- Dictées pour le CE1: je recommande les documents de Catherine Huby qui ont été très efficaces pour ma fille.
- Dictées pour le CE2: La bonne méthode de dictée CE2 Il y a tout un travail complet de la langue à chaque dictée.
- Dictées CM1: Berthou CM1 Grammaire
- Dictées CM2: Berthou CM Grammaire ou le Berthou CM2 Grammaire
Collège:
- Les deux manuels de Galichet Dictées à préparer sont vraiment excellents et offrent de beaux textes: ils existent en 6e et 5e (que l’on peut consulter dans le lien du site Manuels anciens) et je possède le 4e et 3e.
- Dans un modèle plus récent et plus léger: Dictées La compil’ 6e, 5e, 4e, 3e offre un bon choix également.
J’ai retweeté. Pour Facebook, il faut attendre, pour le moment, ça refuse de fonctionner.
Merci! C’est vrai qu’hier il y a eu un souci avec Facebook!
Bonjour,
Une fois encore, un merveilleux article .C’est exactement ainsi que Mr IEF fonctionne en posant des questions pour « aiguiller » et éviter les fautes.
Non la dictée n’est pas une punition mais une découverte de la langue française.
Martine42
Cet accompagnement est tellement profitable!