Nous démarrons notre nouvelle période sur le thème de l’automne. Cette saison colorée et généreuse ne cesse de nourrir notre classe-maison d’année en année. Je débute la semaine avec ce magnifique texte de Jean Giono qui comporte trois intérêts. Le premier est sans doute qu’il donne l’occasion à l’enfant de se frotter à un texte descriptif. Les enfants préfèrent en général les récits d’action. Pour autant, nous pouvons les initier à ces images descriptives qui sont omniprésentes dans les textes des grands auteurs. Un secret pour les y aider consiste à les mettre en présence de la nature, à la leur faire observer et contempler. Ils seront par la suite plus sensibles aux images des textes. Le deuxième intérêt de choisir ce récit se trouve dans les métaphores qu’il offre. Le texte donne la chance de saisir ces images poétiques qui se glissent dans les proses. Elles y sont assez nombreuses ici. Enfin, le dernier intérêt (on pourrait en trouver d’autres encore!) tient au fait que les phrases permettent de travailler les accords de verbes et sujets en utilisant ces phrases et en changeant les sujets. Nous permettons ainsi à l’enfant de faire une analyse intelligente au plan grammatical.
On peut retrouver ce texte sur le site Manuels anciens et sur Littérature au primaire.
La feuille morte
Jourdan et sa famille habitent une ferme dans le sud de la France.
1. L’automne commença à suinter dans les maisons et les étables. C’était une odeur comme quand on a ouvert toutes les boîtes d’herbes à tisanes. Et Jourdan regarda vers le dessus de la cheminée. Les boîtes étaient fermées. Cependant l’odeur était là. Elle faisait penser à des litières, à des campements dans les bois.Un, deux, trois, quatre, puis tous les érables s’allumèrent*. Ils se transmettaient la flamme de l’un à l’autre. Les yeuses restaient vertes, les chênes restaient verts, les bouleaux restaient verts. De larges assemblées d’arbres gardaient leur paix et leur couleur mais, de loin en loin, les érables s’allumaient.
2. Il y avait aussi une petite liane. Son audace d’été l’avait emportée jusque sur le toit de la forêt. Elle avait fait toute sa vie là-dessus, étendue sur les feuillages. Elle s’était accrochée partout avec toutes ses vrilles, elle était mariée à plus de cent espèces d’arbres.
Elle commença à jaunir, puis à sécher et, au bout de deux ou trois jours, elle était morte.
Le temps restait au chaud. Le soleil passait un peu plus bas. Le ciel restait pareil, mais la petite liane était morte. Voilà, et pourtant, pendant tout l’été, elle avait supporté le poids des oiseaux et l’ombre des nuages.
3. Le vieux Jacquou, un soir, était assis dans la cuisine. La soupe bouillait. Il était seul. Barbe, sa femme, était allée chercher du persil. Honoré le gendre, finissait de labourer. Joséphine et les enfants étaient allés au puits.
La porte était ouverte. Chaque soir, le ciel était magnifique. Le soleil se couchait après toute une grande bataille.
Jacquou était assis et il écoutait. Il entendait marcher dehors. C’étaient des raclements comme quand on marche en traînant les pieds. Ça s’arrêtait puis ça reprenait.
Il y avait un peu de vent: le peuplier se balançait.
4. Jacquou se dit: « Qui ça peut être? »
Il pensa à un des petits enfants, puis à Honoré peut-être arrêté là dehors, en train de regarder le ciel lui aussi; puis à Barbe, et même il lui cria doucement:
-Oh! ma vieille!
Mais, rien ne répondit et ça resta un moment tranquille. Puis ça recommença à marcher. Jacquou avait envie de se dresser et d’aller voir. Loin dans les champs, Honoré cria au cheval. Le ciel semblait une prairie de violettes.
5. Enfin, une énorme feuille d’arbre apparut sur le seuil. Elle était sèche. Le vent l’avait arrachée à la forêt et emportée. Il l’avait posée sur l’herbe. Et depuis il la poussait doucement vers la maison.
Jacquou se dressa, se baissa, prit la feuille et la regarda devant derrière. Il ne la reconnut pas tout de suite. Elle était morte, dure comme de la peau d’âne. C’est après qu’il la reconnut pour être cette feuille solitaire que les vieux chênes élargissent au bout du dernier rameau de l’année.
Pour retrouver le document de travail La feuille morte cm1 c.
Merci de partager ce magnifique texte ! Nous l’étudierons dès ce matin.
Oui, merci à Giono! 🙂
Bonjour Brune. Merci pour ce texte que j’ai partagé sur les réseaux sociaux. Une petite erreur dans le 6e exercice : « Mets-es » au lieu de « Mets-les ».
Corrigé, merci! 😉