La relation à l’enfant
L’instruction en famille est une affaire de relation. Nous ne pouvons pas exclure ce fait de ce type d’instruction. Cette instruction s’insère dans la trame de nos vies avec pour fil conducteur l’amour qui nous unit et qui fait la navette en s’insérant à travers tous les brins de notre vie familiale. Nous ne sommes pas parent à certaines heures et enseignant à d’autres: nous sommes tout cela à la fois… C’est parfois plus simple mais également de temps en temps plus compliqué!
Il est normal que nos journées ne soient pas toutes aussi enchanteresses que dans la Mélodie du bonheur…
Mais nous pouvons cependant éviter certains pièges qui peuvent rendent nos journées explosives!
Assumer le rôle de l’adulte
La tâche la plus difficile sera sans doute d’accepter le rôle de l’adulte avec l’autorité qui y est rattachée. L’instruction en famille s’inscrit dans un courant alternatif et laisse supposer que la relation s’effectuera sur le mode de la complicité entre le parent et l’enfant. Beaucoup tombent de haut lorsqu’ils réalisent que l’enfant ne coopère pas plus facilement à ses apprentissages en présence d’un parent sympa!
Le parent rêvait que son enfant, délivré du carcan des horaires et des évaluations scolaires, s’initie miraculeusement de lui-même aux coulisses du fonctionnement de la langue et au théorème de Pythagore. Il s’évertue à trouver la parade qui permettra d’allumer l’étincelle dans l’œil de l’enfant au fil du flux quotidien: « La recette est prévue pour quatre personnes, augmente les proportions afin qu’elle nourrissent six personnes », dit-il à son enfant qui lèche la pâte au chocolat de la cuillère et laisse terminer au parent les calculs et la recette que ce dernier finira par enfourner lui-même …
Le long chemin parcouru en traversant différents courants pédagogiques m’a amenée à considérer que la transmission est la voie la plus naturelle et la plus bénéfique pour l’enfant.Certains savoirs se prêtent bien à des apprentissages solitaires cependant les connaissances plus complexes à acquérir nécessitent un effort et sont rarement choisis d’emblée. Je pense notamment à l’étude de la langue, à la lecture de textes plus complexes, à l’écriture manuscrite, à l’algèbre… Nous avons donc une responsabilité: celle de transmettre le bagage que nous avons eu le privilège de recevoir. Le fait de clarifier les rôles de chacun et d’accepter d’être l’adulte qui guide permet de résoudre bien des problèmes dus à la crainte de s’imposer. Un enfant a besoin d’un cadre clair! Le parent peut se sentir diviser entre son désir d’une classe-maison telle qu’il l’a rêvée au départ (un enfant avide d’apprendre) et la réalité qui l’amène à s’assurer de la progression de son enfant. C’est sa joie à transmettre le cœur confiant qui emportera l’adhésion de son enfant!
Aimer sainement
Nos enfants ont besoin d’être aimés pour s’épanouir. Il va de soi qu’étant instruit à la maison, l’enfant doit sentir que son parent l’aime à travers les apprentissages qu’il fait. Il y a tellement d’émotivité chez un jeune enfant! Mais aimer, ne veut pas dire « aduler »! Trop de parents, pensant mousser l’estime de soi de leur enfant, tombent dans le piège de faire de ceux-ci des super-héros. J’assiste parfois à des conversations dans lesquelles j’évite d’entrer et je suis épuisée pour ces parents: « Ma fille de 9 ans a lu en entier tous les Harry Potter », dit l’une. Mine de rien, l’autre parent est piqué et veut bien montrer le niveau de son gamin: « Ah, oui, le mien les a tous lu l’année dernière à sept ans! Là, il dévore Narnia et s’est lancé dans les Jack London… » Le troisième parent ne voulant pas être en reste en rajoute une couche: « La mienne, huit ans, m’étonne: elle a commencé Les misérables« . Pendant ce temps, le dernier parent n’ose parler car il peine à faire lire le volume deux d’un Cabane magique à son fils de dix ans…La comparaison, même en bien, est toujours nocive.
Un enfant qu’on adule et qu’on encense risque fort de se comporter en petit roi à qui tout est permis! La classe-maison risque d’en souffrir. Il est important d’adresser des encouragements à notre enfant, mais ceux-ci doivent être mesurés. Faire dans la surenchère des capacités de l’enfant est nuisible dans la relation avec ce dernier. A contrario, il faut éviter d’enfermer un enfant dans une étiquette le définissant « dys ». Sans lui cacher les défis qu’il peut avoir à surmonter lors de sa scolarité, il est bon de le traiter le plus naturellement possible. On peut chercher, par exemple, des occasions pour que l’enfant puisse aider un plus jeune afin qu’il ne soit pas limité à être toujours receveur.
Transmettre pour socialiser
Certains enfant sont dans un refus permanent de ce que nous voulons transmettre. Ils sont considérés comme étant de fortes têtes. Ce qui n’est pas faux et comporte aussi ses qualités. Mais, ces enfants dans le refus permanent de ce qui vient de l’autre posent la question de la socialisation. Souvent ces enfants ont du mal à accepter les idées des autres enfants dans les jeux également. Il est important de les amener à se socialiser en les aidant à accueillir ce que les autres peuvent partager. Ces enfants ont besoin de comprendre que l’autre est un enrichissement dans leur vie. C’est en travaillant de manière holistique avec ces enfants que nous viendrons à atténuer ces conflits lors des apprentissages.
Je n’ai pas la prétention d’avoir couvert tous les pièges de conflits existants en classe maison. J’ai plutôt tenter de regrouper les principaux défis que j’entends autour de moi (ou que j’ai pu vivre). Chaque enfant étant singulier, il y en aurait pour des pages sur ce sujet! La classe maison harmonieuse existe, mais, pas à chaque instant … Enseigner est affaire de relation à l’autre, nous ne pouvons espérer une harmonie sans considérer le lien qui nous unit à l’enfant.
Merci !
Ton paragraphe sur « Transmettre pour socialiser » me parle beaucoup…
Tant mieux 🙂
Quelle belle publication, j’adore!
Merci Brune.
C’est moi qui te remercie de ton passage. On a vu et constaté bien des choses avec le temps 😉
Pour avoir été et être encore la maman d’enfants en avance en classe (pas tous), je peux te dire qu’il est tout aussi épuisant et triste de se taire parce que les autres vont comparer et penser que je me vante. Parfois je voudrais pouvoir parler librement de tout ça.
Le reste de ton article est comme d’habitude très intéressant et porte à la réflexion. Merci Brune 🙂 !
Oh Poulette! Mon message n’est peut-être pas très clair 😉 Désolée! Je ne parle pas de la réalité des enfants en avance ou en difficulté mais de la façon dont les parents peuvent créer un problème autour de cela… J’ai eu dans mes rangs des enfants en avance (voir très en avance) et je trouve que l’IEF permet de contourner cette difficulté en adaptant le travail selon les capacités de chacun…
C’est sûr, l’IEF est une chance. Mon fils n’aurait jamais tenu le coup dans une classe alors qu’il s’épanouit à la maison. Tu n’as pas à être désolée 😊, les miens rament en sport et je comprends ce que tu veux dire. L’idéal c’est d’être assez à l’aise avec soi-même pour prendre un peu de recul. Y a du boulot!