La classe: « ambiance, ambiance » (2 )


L’organisation dont vous êtes le héros

L’expérience de mes nombreuses années en école maison m’a démontrée combien l’organisation peut apporter un climat serein dans une maison.  Tout le monde ne naît pas avec l’ADN de Fly Lady ! Pourtant les parents et les enfants ont tout à gagner à organiser la maison lorsque l’on y vit à plein temps en famille. Même les esprits bohèmes comme le mien tireront profit d’une meilleure gestion spatiale et temporelle de la classe maison car cela contribue réellement à pacifier le quotidien.

L’espace

Peu importe l’endroit où vous décidez de travailler, il est important de pouvoir avoir à portée un espace de rangement pour débarrasser les travaux en cours au fil du jour. Les interruptions sont fréquentes au cours d’une journée. Si la table de la cuisine sert à la fois de lieu de travail pour les enfants, de lieu pour cuisiner et pour manger, il paraît judicieux de pouvoir rapidement ranger ses effets sans qu’il n’y ait de perte chemin faisant. Que ce soit une étagère, un casier, une desserte roulante ou même un cartable (!), l’enfant doit pouvoir retrouver son matériel sans partir dans une recherche socio-psycho-archéologique (« où étais-je la dernière fois que j’ai travaillé avec mon cahier d’anglais? »).

Mais il ne suffit pas d’avoir des espaces de rangements, il faut, pendant longtemps, accompagner verbalement l’enfant: « on range tout dans le casier avant de partir jouer. Les crayons vont dans la trousse, le compas retourne dans son étui. On replace le dictionnaire sur l’étagère. » Certains enfants sont plus soigneux et ordonnés que d’autres, mais en fait, la plupart doivent se faire rappeler ces consignes car l’appel du jeu l’emportera toujours sur le réflexe de s’acquitter de ses petites tâches. Pourtant, ranger au moment opportun après la fin du travail ne prend pas cinq minutes, mais combien de temps perdu pour du matériel égaré? Si l’enfant perd le compas qui n’a pas été rangé, c’est la prochaine activité de géométrie qui risque de ne pas pouvoir se faire! Pour les enfants qui rechignent et sont si pressés de partir jouer je mets parfois un chronomètre et j’instaure le petit jeu « en combien de temps rangeras-tu? » Cela permet à l’enfant de réaliser qu’il n’a mis qu’une minute trente à tout replacer: est-ce que cela vaut l’énergie qu’il met à rouspéter pour le faire?

Le matériel

Qu’il soit mutuel ou individuel, les enfants doivent apprendre à prendre soin du matériel. Ils doivent s’en sentir responsable! C’est le rôle du parent de l’accompagner à respecter le matériel qu’il reçoit et qu’il utilise. Pour s’y retrouver, le matériel commun doit être placé dans un lieu bien identifié à cet effet. Et à chaque fin de travail, le parent rappellera verbalement de ranger chaque chose à sa place .

Image associéeIl arrivait souvent que mes enfants se disputaient pour certains crayons ou autre petit matériel: « C’était le mien! Je me souviens que je l’avais croqué à cet endroit! On voit la marque de ma canine! » Une solution toute simple a mis fin à ces querelles. Tout matériel individuel porte le prénom de l’enfant (crayons, gomme, règle etc…). Les trousses de crayons de couleur sont mystérieusement complètes depuis! J’ai remarqué que les enfants s’en sentent plus responsables.

Malgré toutes ces précautions, il arrive encore que l’on égare des effets scolaires. Pour palier à ce problème j’essaie de le régler en dehors des classes. Je tiens à ma portée des feuilles mobiles de différentes tailles. L’enfant qui n’a pas son cahier écrira sur la feuille et la collera dans le cahier qui ne manquera pas de ressurgir. S’il s’agit d’un manuel, je prends un autre support pour travailler la notion et si je n’ai rien à portée, je passe à autre chose et prépare la leçon à partir d’internet le soir pour le lendemain. Je ne prends plus de temps sur l’horaire pour régler ces situations chronophages. L’enfant cherche son matériel manquant après le temps de travail.

Faut-il punir celui qui perd toujours tout? A chacun d’en convenir pour ses propres enfants. Je préconise plutôt un suivi serré, un encadrement plus senti de l’enfant, une aide afin de lui permettre  de développer l’ordre et le soin. Cela peut se passer par un petit tableau qui indique les étapes claires de tout ce qu’il aura à faire et ce qu’on attend de lui. Je pense aussi qu’il demeure important que l’enfant se rende compte de la dépense financière qu’il engendre si le problème est récurrent et qu’il semble adopter une posture désinvolte. Cela peut se matérialiser par l’achat à partir de sa propre cagnotte du cahier qui a été perdu une énième fois de trop.

Encadrer son enfant engendre également une démarche sur soi-même. « Et moi, est-ce que je ne cherche pas toujours mes clefs? La maison manque-t-elle d’ordre? » C’est l’occasion de s’enrichir et d’améliorer notre fonctionnement. On ne peut changer sa nature, on ne peut pas se « refaire » entièrement, mais on peut certainement s’améliorer!

Le temps

L’organisation du temps est un facteur très important dans le climat qui règne à la maison. Quel horaire mettre en place pour mon enfant? C’est à vous d’en décider! Un facteur m’apparaît incontournable cependant, l’horaire doit être régulier.

Image associéeL’enfant aime à savoir l’horaire selon lequel il consacrera du temps aux apprentissages formels. Sans horaire, l’enfant construit son propre planning. Il se lève avec une idée en tête: continuer le jeu, la construction de la veille ou faire une partie de UNO. Si les jours se suivent et ne se ressemblent pas il acceptera difficilement de venir s’asseoir et apprendre ce que vous aurez prévu. S’il sait comment ses journées sont planifiées il entrera plus facilement dans la démarche. Un enfant est capable de comprendre (même au CP) que nous avons pris la responsabilité de son instruction et que cela implique que nous y consacrions du temps. Un enfant doit comprendre qu’il ne gagne rien à mettre un climat délétère par une mauvaise humeur dès que nous lui demandons de se mettre au travail. Personnellement, c’est l’aspect que je supporte le moins et l’enfant qui s’y emploie se fait rappeler qu’à l’école du coin, une classe peut fort bien l’accueillir. Je ne le brandis jamais en menace puisqu’à mes yeux l’école n’est pas une tare. Nous avons choisi un autre chemin que je privilégie pour eux. Mais pour y rester l’enfant doit également y mettre du sien car cela demande beaucoup d’investissement de la part du parent. Le parent s’y investit non seulement gratuitement mais au sacrifice d’un salaire.

La régularité dans le temps me semble essentielle et repose sur une certaine planification. Les apprentissages s’installent dans la répétitions régulières des notions. Sauf pour les enfants surdoués (qui sont l’exception), tous les autres enfants ont besoin de revoir les leçons afin de bien les assimiler. Combien de parents, en voyant une notion déjà vue dans le manuel la passe sans la pratiquer puisqu’il la « sait » déjà et qu’il a compris. Les processus d’apprentissage ne sont pas si simples. La pratique d’exercices permet d’affiner et d’aborder des aspects plus complexes des notions. L’enfant ne s’ennuie pas à faire à nouveau ce qu’il a abordé auparavant. Il peut même être ravi de s’apercevoir qu’il maîtrise l’exercice. Mais cette compréhension disparaîtra au fil du temps si elle n’est pas régulièrement revisitée. Combien de parents et de professeurs ont vu des enfants leur dire: « c’est quoi un pronom personnel? Je n’ai jamais vu cela! » alors que cela a été étudié auparavant. Les rappels sont inévitables et ils ne faut pas les faire au rabais. Il s’agit de les considérer comme les « gammes » en musique ou les échauffement en sport. Nous sommes plusieurs à mettre en place une routine qui permet de garder vivantes les notions de base sur une base quotidienne. Un enfant oublie et c’est normal. C’est à nous de lui donner les moyens de bien assimiler sur le long terme.

L’organisation semble aller de soi pour certaines personnes qui sont tombées dedans quand elles étaient petites. D’autres étouffent à l’idée que ce soit trop à saveur militaire. Pourtant, à partir de ma propre expérience de mère-enseignante et des nombreuses observations que j’ai pu faire autour de moi, je peux réellement témoigner combien l’organisation contribue à apporter de la sérénité en IEF. Il ne s’agit pas de tomber dans la psychorigidité mais de se donner les moyens de bien vivre ces moments avec nos enfants. Une classe maison sans nuage n’existe pas. Mais nous pouvons vivre de nombreux moments ensoleillés en prenant soin de mettre en place un climat où les choses rouleront plus facilement.

Prochainement la dernière partie de « Ambiance, ambiance » portera sur l’enfant que l’on accompagne.

A propos Brune

Mère-enseignante de 8 enfants. Site: grandirpresduchataignier
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6 commentaires pour La classe: « ambiance, ambiance » (2 )

  1. Merci (encore) !
    Je n’hésite pas à rappeler aussi que, si tu râles trop, tu iras casser les oreilles de la maîtresse….

    Je trouve qu’impliquer les enfants dans la décision du cadre aide aussi (les horaires, le rangement, etc).

  2. Brune dit :

    « Je trouve qu’impliquer les enfants dans la décision du cadre aide aussi (les horaires, le rangement, etc) » . Tout à fait! je n’en ai pas traité car la longueur de l’article ne me permettait que de cibler certains aspects, mais tu touches un point très pertinent!

  3. marie dit :

    chère Brune,
    merci pour ces longs partages d’expérience! votre bon sens fait du bien parce qu’il est plein de bonté et de justesse.
    concernant la répétition nécessaire des leçons, j’ajouterais qu’ici, ça fait du bien aussi à la maman de revoir sans cesse les conjugaisons de certains verbes difficiles ou les exceptions à la règle tellement contraignantes pour ceux qui apprennent notre belle langue… même nous, nous oublions ce que nous apprenons! il me semble savoir qu’on en sait vraiment que ce que l’on a appris 7 fois… revoir les notions une fois par an entre 7 et 14 ans n’est donc pas du luxe!

    • Brune dit :

      Vous avez tout à fait raison. Et combien de notions ai-je pu acquérir, réviser ou mieux comprendre grâce à ces répétitions! 🙂

  4. Flo dit :

    Merci Brune pour vos conseils qui me confortent dans mes intuitions. Un cadre à mettre en place tout en gardant une certaine souplesse. Répétitions. Je ne pense pas suffisamment à déléguer les tâches aux enfants, j’y penserai…

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