Les oiseaux déguisés
Tous ceux qui parlent des merveilles
Leurs fables cachent des sanglots
Et les couleurs de leur oreille
Toujours à des plaintes pareilles
Donnent leurs larmes pour de l’eau
Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu’il voit
Ce qu’il voit son histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix
Ses secrets partout qu’il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé
Ma vie au loin mon étrangère
Ce que je fus je l’ai quitté
Et les teintes d’aimer changèrent
Comme roussit dans les fougères
Le songe d’une nuit d’été
Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
Un air dont lentement s’étonne
Celui qui ne sait plus prier.
Louis Aragon
Voilà un poème riche en image et qui permet une belle discussion et une interprétation avec les collégiens. De quoi parle ce poème? Quel est le champ lexical de ce poème? Pourquoi la saison d’automne appuie-t-elle davantage les émotions du poète? L’artiste crée-t-il plus dans la tristesse? En quoi l’écriture peut-elle guérir (soulager) le poète? Pourquoi un poème triste nous atteint-il lorsque nous nous avons du chagrin?
Quelle est la forme de ce poème? Combien chaque ver a-t-il de pieds? Comment se présentent les rimes?
La poésie a un rythme. Au départ les poèmes étaient chantés. Au collège, la musique prend une dimension importante dans la vie des enfants: ils y sont très sensibles. Quelques grands chanteurs ont donné une interprétation saisissante des poèmes des grands auteurs. Quand il m’est possible, je fais écouter ces poèmes récités par les « grands maîtres ». Le poème d’Aragon quant à lui, a été mis en musique par Jean Ferrat.
Mes filles préfèrent la version « rajeunie » avec l’accompagnement au piano qu’elles jugent plus doux. Pour ma part, je garde une préférence pour la voix chaude de Jean Ferrat.