
Tiré du blog Leçons de choses
Une leçon de choses est une leçon qui porte sur un « objet » ou « objet d’étude ». Elle fut très populaire du milieu du 19e siècle jusqu’aux années 1960-70. L’idée est de mettre un objet concret sous les yeux de l’enfant et d’amener sa réflexion, grâce à l’observation et à ses remarques, vers des connaissances qu’il ignorait. Les différents pédagogues ne se sont pas tous entendus là-dessus.
En classe maison nous utilisons la leçon de choses car elle rend vivante la transmission: elle permet d’observer, de dialoguer avec l’enfant sur ce qu’il observe et connaît , de définir le vocabulaire, de le guider vers des connaissances autour de ce sujet, de lui apprendre à narrer et à rédiger l’essentiel d’une leçon et finalement de dessiner l’objet de la leçon et les schémas qui s’y rattachent. Ma façon de procéder n’est peut-être pas exactement « conforme à l’esprit de la lettre ». Mais nous y avons trouvé un rythme, une cadence, un élan qui nous plaisent.
Avant toutes choses, il faut dire que la leçon de choses, souvent limitée aux sciences, s’applique en réalité à plusieurs matières. Ferdinand Buisson permet de voir l’étendue que peut occuper la leçon de choses qui fait partie des méthodes « intuitives »:
Divers enseignements se prêtent plus particulièrement aux leçons de choses : la lecture courante avec les explications qu’elle comporte, la géographie avec les promenades et le matériel qui s’y rattache, le système métrique avec les poids et les mesures, l’arithmétique et la géométrie enseignées au moyen des objets sensibles, des solides et des figures en relief, le dessin appliqué aux objets usuels, et enfin les éléments des sciences physiques et naturelles. L’instituteur habituera les élèves à voir, à observer, à se rendre compte. Il les exercera à dégager l’idée abstraite, à comparer, à généraliser, en un mot à passer insensiblement de l’intuition des sens à l’intuition intellectuelle.
Pour en apprendre plus sur la leçon de choses, je vous invite à lire l’article très complet sur le blog « Ecole: références« .
Choisir la leçon
La leçon de choses peut être prévue en début d’année, selon les saisons et les sujets que nous désirons aborder avec les enfants: par exemple, une leçon sur la noix en octobre ou sur la fleur primevère au printemps. Elle peut également porter sur une question que l’enfant se pose: « comment fonctionne une machine à coudre? », comment fabrique-t-on les crayons, comment y a-t-on mis la mine? » Mais elle peut aussi s’inviter à un moment impromptu, lors d’un phénomène particulier, imprévu, comme la création d’un prisme de couleur ou l’observation d’un insecte inusité qui vient à notre rencontre.
Préparation de la leçon

Tiré du blog Leçons de choses
Une fois la leçon ciblée, il faut la préparer. Il me faut cibler le vocabulaire précis qui entre dans la leçon retenue. Il nous faut également faire dépasser à l’enfant le stade de l’observation. Vers quelles connaissances pertinentes pouvons-nous guider l’enfant? Quand il s’agit d’un fruit ou d’une fleur, nous pouvons parler de botanique et de reproduction des végétaux, nous pouvons parler d’agriculture. Il y a souvent des dérivés issus de fleur ou de la fleur (huile, parfum, teinture…) que nous pouvons couvrir. Une feuille d’arbre peut permettre d’aller vers le classement d’essences d’arbre. Un outil manufacturé permet de remonter aux origines (avec quoi écrivait-on avant le crayon? comment a-t-on découvert le graphite?). Notre leçon sur le prisme de couleur nous a permis d’introduire des notions de physique. Partir du concret permet d’accéder à une compréhension plus abstraite par la suite.
Pour la préparation, je m’aide de différents bouquins scolaires d’autrefois dédiés aux leçons de choses, d’encyclopédies et de recherches sur internet. Je prends l’étymologie du nom de l’objet, j’en cherche l’histoire et je regarde les « applications » (qu’en fait-on aujourd’hui?). J’imprime habituellement les schémas relatifs à la leçon.
L’observation et le dialogue
Je montre l’objet aux enfants. Ils l’observent, le touchent. J’attends leurs impressions. Qu’ont-ils à dire? Quelle description en tirent-ils? Que peut-on faire avec l’objet? Quand il s’agit d’un fruit ou d’une fleur, nous procédons à la coupe. Et nous observons de nouveau. Qu’y voit-on que l’on ne voyait pas avant? A quoi servent ces grains, ces pépins? Puis, je transmets des connaissances autour du sujet. C’est là que je nomme le vocabulaire précis, « le pédoncule » de la pomme, le « pétiole » de la feuille en leur faisant toucher et nommer (avec les collégiens, je suis plus subtile!). Et nous approfondissons nos connaissances en parlant du point de vue historique ou technologique, selon la leçon.
L’expérimentation
Il arrive, quand le sujet s’y prête, que nous puissions donner une suite « active » à la leçon en créant à partir de l’objet d’étude. Ainsi, avec le brou de la noix, nous avions teint un cageot, avec les coings nous avions fait de la pâte de coing, avec la machine à coudre nous avions cousu un petit projet. Parfois, il faut préalablement faire une « classe-promenade » pour observer un phénomène ou pour « cueillir » l’objet d’étude. La leçon de choses se veut active dans notre classe maison.
La narration, le résumé
Comment nommer cet exercice? Les enfants plus vieux font appel à leur esprit de synthèse afin de rédiger ce qu’ils ont compris de la leçon et réinvestissent les connaissances fraîchement apprises. Il s’agit d’écrire en un paragraphe pour le CM ou en plus ou moins une page pour les collégiennes, la leçon elle-même. Pour les petits, les CP/CE, je leur faire me redire oralement ce qu’ils ont compris et je leur fais écrire une phrase qui pointe un ou des éléments importants à retenir. Je pioche souvent dans les manuels de leçons de choses pour m’inspirer. On y cible souvent une leçon à retenir.
Les dessins et schémas
Cette partie m’apparaît essentielle. Le fait de dessiner à partir de l’objet réel permet aux enfants de l’observer attentivement afin de le reproduire le plus fidèlement possible. Le schéma, quant à lui, sert un autre dessein, celui de fixer le vocabulaire plus scientifique et de le comprendre visuellement en l’inscrivant dans le cahier. J’insiste pour qu’ils le tracent eux-mêmes à partir du modèle imprimé que je leur présente . D’ailleurs, quand je dis « insister », c’est une façon de parler, mes enfants aiment dessiner! Et je crois que ce goût se développe en pratiquant et en découvrant que plus on dessine: mieux on dessine. le schéma a l’avantage de présenter des lignes nettes et simples à retracer. Le résultat devient rapidement satisfaisant.
Les ressources
J’ai sous la main plusieurs manuels anciens sur les leçons de choses. J’aime particulièrement les manuels d’Orieux.
Ils sont tous consultables, et il en existe de nombreux autres tous aussi fabuleux, sur l’inestimable blog Manuels anciens.
Deux manuels que nous apprécions pour des expérimentations:
J’utilise avec bonheur également ce magnifique livre de la Librairie des écoles. Il s’agit d’un livre au contenu aussi roche que les manuels d’autrefois mais avec une facture modernisée! Il est résolument très inspirant!
Nous avons divers petits livres qui amorcent les leçons de choses et donnent certaines réponses (Mon premier exploradoc). Voici quelques titres:
Une collection plus ancienne, celle des Découvertes Benjamin Gallimard (il en existe de nombreux titres):
Voici également le riche blog Leçons de choses. Quand je ne trouve pas de leçons déjà préparée dans ce que je possède, je trouve bien souvent sur cette page qui recense le contenu de nombreux manuels anciens répertoriés.
Article conçu pour les tutoriels du blog « Collectif L’école est la maison »
Bonjour Brune,
Les Leçons de choses Fernand Nathan , c’était le mien à l’école !
J’adore le blog des manuels anciens !
Merci encore !
Martine42
Ah! De beaux souvenirs j’espère! Oui, ce site est vraiment un bonheur!
Chouette merci cela tombe super bien moi qui me demandais comment j’allais faire … J’apprends avec ces leçons de choses autant que mes enfants !
Je pense que pour nous, adultes, ces leçons sont également très stimulantes à préparer, c’est vrai 🙂
Merci pour cet article très riche et très dense.
Disons qu’heureusement j’ai pu m’inspirer de sites très riches et très denses 😉 Merci à toi pour ces ressources!
Je suis venue lire ton article par curiosité, me demandant si je pouvais les inclure dans nos activités. Mais au fil de ton article, je me suis rendue compte que nous le faisions déjà avec notre thème du moment : les bonbons. Ma fille a presque 5 ans et nous voyageons pas mal. Donc à chaque fois nous cherchons une spécialité locale, nous nous intéressons à son histoire, nous l’observons, cherchons les meilleurs adjectifs pour décrire la texture mais aussi la sensation en bouche. Ensuite ma fille me fait un résumé (bien entendu je la guide au niveau de l’organisation des idées) et je publie le tout sur mon blog. Par contre nous ne faisons pas de dessins, optant pour la photographie.
Disons juste que quand nous serons lassées des bonbons, je pourrais utiliser le même principe sur des sujets plus naturels (ce que j’avais en tête en arrivant ici). Je garde donc précieusement les liens que tu partages pour les manuels.
Je pense que c’est une approche au fond tellement naturelle d’appréhender les connaissances 🙂 Et vive les bonbons: sujet qui doit susciter bien de l’intérêt. On a déjà fait il y a longtemps de cela! C’est une idée à réactualiser!