Nos deux félins avaient un air fripon et désœuvré… Ils étaient dans le coin de la cour et observaient malicieusement une bête  . Je croyais qu’ils torturaient une malheureuse musaraigne comme la veille. En m’approchant, j’aperçois les longues pattes fines et noires d’un gigantesque coléoptère. Il s’agissait d’un lucane. Ses mandibules proéminentes (chez le mâle) lui confèrent le nom de cerf-volant. Elles rappellent les bois du cerf. Et ce gros insecte, qui peut mesurer jusqu’à huit centimètres, sait voler! De là son sobriquet du cerf qui vole… C’est le plus gros coléoptère d’Europe.

L’occasion fait le larron. Nous n’avions aucunement prévu une telle leçon. Mais c’est aussi ça l’enseignement: découvrir et apprendre sur l’inusité qui surgit impromptu dans nos vies!Nous sommes toutes sorties et avons pris le temps d’observer notre hôte. Nous avons dû l’enlever des griffes de nos deux raminagrobis qui ne voulaient pas lâcher l’affaire… Une fois à l’abri des prédateurs, nous avons pris le temps d’examiner le corps noir du lucane. Ses mandibules presque rouges  s’activent dès qu’un obstacle  se présente devant lui. Il porte des antennes de chaque côté de la tête qui se terminent par de petites brosses.

image tirée de afblum.be

 Chaque patte porte à son extrémité deux petits crochets qui lui permettent de s’agripper. L’abdomen est séparé en deux au milieu. Il s’agit des élytres qui recouvrent, tels une cuirasse, des ailes membraneuses en dessous. Car ce mastodonte vole en position quasi-verticale. Il est lourd, mais se déplace dans les airs (surtout le mâle, à la recherche d’une dulcinée).

Le cerf-volant en nous fuyant est tombé sur le sol. Le poids de l’animal est tel qu’il produit un bruit sourd lors de l’impact. Mais sa carapace est solide et le protège très bien. Par curiosité, sachant que le mâle ne pince pas (contrairement à la femelle), les filles ont voulu y toucher. Certaines se contentant de poser l’index sur les élytres. Les plus braves l’ont laissé monter sur la main… Notre compagnon est demeuré presque deux jours dans notre cour avant de se glisser sous la barrière et de prendre la poudre d’escampette.

Le pauvre ne vit pas très longtemps. Il apparaît vers la mi-juin pour s’éteindre vers la mi-août. Il occupe surtout   les chênes abattus. Ce n’est pas exactement un xylophage (occasion de donner les racines de ce mot « xylo » bois, comme dans xylophone et « phage » qui signifie mangeur). Il s’agit plutôt d’un saproxylophage! Sapro signifiant putréfaction. Donc, il mange plutôt le bois mort, mais est également friand de feuilles, de miel et de substances sucrées. Certains, comme l’encyclopédie « Tout l’univers » le place de ce fait parmi les polyphages…

Il n’existe pas de leçons de choses « clés en main » sur le lucane, il a donc fallu en créé une: chercher les informations ainsi que les schémas relatifs.  Les enfants ont dessiné le cerf-volant. Il a fallu lui trouver sa place dans la classification des insectes pour les collégiennes. La CE1 s’est contentée de dessiner un autre coléoptère qu’elle connaissait. Enfin, en définissant les mots « savants », elles ont acquis un nouveau vocabulaire