Pierre Rabhi dans la version Terre des Lettres 5e 2016


JeAfficher l'image d'origine suis assez heureuse de voir que les écologistes Henry David Thoreau et Pierre Rabhi figureront dans le chapitre 10 de Terre des lettres 5e 2016:

chapitre 10 : L’homme et la nature   : travail sur le mythe de Déméter (le mythe), les cultes antiques, découverte de Thoreau et de Pierre Rhabi. Un article sur Monsantos.

Premièrement, dans la tradition des livres anciens qui tiraient les élèves vers des lectures sur des explorateurs ou des bienfaiteurs, on actualise le procédé pour faire découvrir aux élèves des personnalités qui ont des choses à dire sur l’enjeu écologique qui est le nôtre.

Afficher l'image d'origineDeuxièmement, Pierre Rabhi a une plume que j’aime beaucoup. La lecture de ses ouvrages est agréable. Des extraits de ses écrits méritent de prendre place dans les manuels scolaires. Je ne sais pas quel texte de lui figurera dans le manuel. Pour ma part, l’an dernier, j’avais fait faire un travail sur un texte de Pierre Rabhi à ma fille qui était justement en 5e. C’est un texte un peu « costaud » à lire pour en dégager la compréhension, mais il se dégage une poésie et il réenchante le texte par la richesse de son vocabulaire!

Naguère, le petit enfant que je fus, au terme d’une journée de fournaise, étendait son dos sur la terrasse à ciel ouvert, et le corps ainsi abandonné, il pouvait contempler une voûte céleste ensemencée de pépites d’or avec une lune joviale, modeste mais souveraine, qui veillait sur le sommeil de tous les enfants qui lui faisaient confiance. Plongé dans un songe tranquille, l’enfant dans son innocence rejoignait sans le savoir tous les scrutateurs des cieux, poètes mystiques, ou simples d’esprit, ceux qui, astronomes après avoir longtemps observé, ont pu établir les configurations et les cadences astronomiques, inventé le temps avec leurs calendriers mais aussi astrologues pour lesquels le destin de l’humanité était déterminé par les astres et les désastres. Nourri d’une mythologie élémentaire, l’enfant silencieux croyait fort aux divinités tutélaires face aux anges malfaisants. Ces deux entités se livraient à des batailles titanesques, usaient des étoiles filantes comme des projectiles dont ils pourfendaient le firmament comme avec des javelots de feu. Dans cette geste des principautés célestes et invisibles, les êtres humains, enjeux de ces combats incessants, n’avaient que la prière et les incantations adressées à la toute-puissance divine pour exorciser une issue qui leur serait fatale. Observé depuis une terre longtemps considérée comme plate, le ciel fut le champ où la mythologie, la science, la poétique, la mystique étaient comme indissociables.

Hélas, la lune chérie par l’enfant n’est que poussière et roche, lui ont cruellement appris les savants… Le réalisme a fait irruption dans le monde, pour nous arracher aux millénaires enchantements et le ciel s’est soudain dépeuplé. La connaissance objective nous a libérés de l’obscurantisme et d’un imaginaire débridé incompatible avec la déesse Raison juchée sur son trône d’acier. La science se donna mission de traquer et pourfendre toutes les supercheries en une Saint-Barthélemy de la rationalité. Les astrophysiciens nous enseignent depuis un univers dont les limites outrepassent notre capacité à les imaginer. Et dans cette infinitude, les corps célestes les plus considérables restent dérisoires. Tout s’abîme dans un gouffre insondable qui n’a ni haut ni bas, ni points cardinaux ni configuration intelligible. Nous apprenons que tout cela fait suite à une déflagration initiale, suivie d’un long temps où tout n’était que chaos, avant de devenir un ordre fonctionnant avec la même rigueur qu’une horloge, une « mécanique céleste ». Il nous faudra pourtant réhabiliter l’enchantement perdu si nous voulons échapper à l’incarcération de l’esprit et de l’imaginaire. Car les galaxies peuplées d’astres en nombre infini sont en réalité une chorégraphie. Tout n’est que chorégraphie dans l’univers mais nous ignorons le maître chorégraphe. Il se tient obstinément dans les coulisses et n’apparaît jamais sur la scène du théâtre qu’il a édifiée. Notre système solaire est d’infime proportion dans le fleuve lacté. Le temps et l’espace n’ont cure de nos siècles et millénaires, tout se mesure en année-lumière…

Face à l’insignifiance que prend notre destin dans ce vertige insensé, comment n’être pas reconnaissant aux consciences inspirés et lucides de certains de ces savants ? Affranchis de toute prétention à élucider le grand mystère, ils nous ont fait part de leurs propres ignorance et incertitudes, tout en confirmant avec une conviction profonde l’unité du réel, déjà pressentie par des peuples nombreux, et nous ont réintégrées dans cette unité. Nous serions, selon le langage de la science poétique, des poussières d’étoiles, des œuvres vivantes réalisées avec des matériaux originels…

            Avoir conscience, ne serait-ce pas avant tout aimer, prendre soin s’émerveiller ? Et être dans l’inconscience, détruire et profaner tout ce qui est à portée de main et à distance de nos cœurs ?

A propos Brune

Mère-enseignante de 8 enfants. Site: grandirpresduchataignier
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2 commentaires pour Pierre Rabhi dans la version Terre des Lettres 5e 2016

  1. Victoire dit :

    Cet homme, et sa vision du monde, est extraordinaire. Nous devrions tous nous en inspirer 🙂

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