Il existe des bonheurs tranquilles qui passent presque inaperçus. Le bonheur a souvent horreur du clinquant, il se réfugie dans les petits recoins paisibles de notre vie. Il est alors difficile à voir, il se ressent surtout. L’enfant « ordinaire » fait partie de ce bonheur tranquille!
C’est l’enfant le plus « répandu » et c’est sans doute celui dont on parle le moins! Et c’est heureux! Il ne s’agit pas d’opposer l’enfant « ordinaire » aux autres qui ont des spécificités pour entrer dans une lutte de comparaison. Nous ne choisissons pas les enfants qui nous sont « donnés » par la vie. Nous les accompagnons simplement, tels qu’ils sont! Et la littérature sur les enfants à l’école est occupée largement par tous les enfants qui n’entrent pas dans les cases qu’on en oublierait que les enfants, la majorité, sont simplement « ordinaires »…
Ce n’est sans doute pas très tendance de dire « mon enfant à moi est ordinaire! » Il y a une pression monstre pour les sauts de classe! L’enfant n’ayant pas son saut de classe est perçu comme étant moins « intelligent » que celui qui pige tout rapidement ou simplement celui qui s’embête en classe. La preuve en est l’argent dépensé par les parents pour les tests de QI qui justifient les sauts de classe… Encore une fois, ce n’est pas une critique des enfants ayant besoin de faire le changement de niveau… C’est uniquement une remise en perspective de l’enfant qui est dans les normes . Nous ne semblons plus pouvoir accepter qu’un enfant soit tout simplement bien dans son niveau, qu’il soit aux « normes ».
Pourtant, l’enfant « ordinaire » a potentiellement beaucoup de chance! Déjà, il bénéficie d’une année de plus de classe primaire, qui lui assurera de ne pas se retrouver dans l’adolescence avant son heure biologique. Il a la chance de grandir sans trop d’attente car ses apprentissages linéaires n’attirent pas l’attention. Il apprend bien mais a besoin de travail régulier pour se maintenir. C’est une chance car la réussite scolaire pour le supérieur passe par l’apprentissage du travail régulier.
Si l’enfant a assez de chance, il va pouvoir rêver, se rêver sans que les adultes n’interfèrent… Il passera par la case vouloir « être cuisinier » à celle de « vétérinaire » en croisant celle du « caissier au supermarché ». Tous ces intérêts le construisent et lui permettent de comprendre le monde dans lequel il vit. J’ai tellement vu d’enfants qui, brillants, avaient le malheur de manifester le moindre intérêt pour un insecte, qu’il se voyaient déjà équipés de tout le matériel et de toutes les encyclopédies sur le sujet. Un père m’a déclaré un jour que sa fille de 5 ans serait plus tard entomologiste (sans rire!). Mais la fillette qui s’était fait dérober son sujet s’est aussitôt détournée de lui! Ce qui ne veut pas dire que nous ne devons pas nourrir l’intérêt de notre enfant, mais nous ne devons pas l’accaparer à sa place…
En fait, tous les enfants devraient avoir le droit d’être « ordinaires »! Et l’école maison nous permet de les traiter ainsi le plus possible. En classe, les enfants sont souvent mesurés, comparés entre eux. Nous avons un immense privilège à la maison, celui de poser un regard unique sur lui, sans le comparer et ainsi le nourrir à sa faim, mais sans jamais faire de cas de lui… pour préserver son bonheur! Il apprend à travailler. Si son niveau est élevé, on ajuste sans projecteur sur l’exploit et il continue de travailler normalement! Si son niveau est faible, on ajuste en soutien et on encourage: on croit en lui! Un enfant faible au départ n’est pas condamné à le rester. Rien n’est joué! Des personnes à haut poste ont d’abord été de vilains petits canards!
Nos enfants sont certes des individus merveilleux, mais donnons-leur cette chance extraordinaire de grandir sans pression, sans artifice. Nous préservons ainsi leur bonheur caché, mais aussi leurs relations aux autres qu’ils ne considéreront ni mieux , ni moins bien qu’eux . Ils trouveront leur place dans la société avec le talent qu’ils possèdent.
Magnifique texte .
Merci de nous rappeler le bonheur de ces enfants ordinaire.
J’aime toujours autant vous lire !
Belle journée.
Merci! Un enfant en santé, on oublierait presque que c’est un bonheur immense!
Merci. J’ai partagé cet article sur Facebook et sur Twitter parce qu’il le mérite.
Excusez-moi pour le nom tronqué. Une erreur de manipulation sans doute.
Un grand merci, ça me touche!
Très beau texte.C’est vrai on oublie bien souvent qu’on est ordinaire.
Oui il y a une énorme pression mais je trouve que bien souvent cette pression est superficielle ,car si effectivement l’enfant se révèle « extraordinaire », la pression s’inverse et devient énorme pour nier ses spécificités et qu’il rentre dans le moule. Chose que bien sur il ne peux pas plus faire , que l’enfant ordinaire ne peux s’abaisser ou s’élever artificiellement.
Je pense qu’à l’école il est difficile de moduler pour chacun étant donné la structure de classes assez chargées. L’IEF, permet par contre de regarder autrement son enfant pour sortir de ces classifications très limitées…mais alors quelle liberté! 🙂
Quelle fantastique publication!
Tu as une plume magnifique Brune.
Tu sais rendre les choses ordinaires «extraordinaires», puisqu’à la lecture de ton texte, on rêve d’être cet enfant ordinaire qui peut s’ouvrir à son futur sans crainte d’être jugé ou mal compris.
J’en profite pour te souhaite une merveilleuse période des fêtes!
Un grand grand merci Sylvie! J’irai te « visiter » pour les voeux! 😉
😀
Bonnes fêtes à toute la famille.
vive les personnes normales, bien dans leur peau. Merci de rappeler qu’un enfant se construit doucement à son rythme: vite pour certains apprentissages et plus lentement pour d’autres.
Une fois adulte, tout le monde se fiche royalement de savoir si la personne à côté a été un petit génie ou pas, nous regardons le cœur dans nos amis.
Mon rêve serait qu’enfin une école ( au sens large) ne juge pas les enfants mais les accompagne en confiance dans leurs apprentissages.
Il y a les écoles d’une part et les parents d’autre part dans certains cas… « Une fois adulte, tout le monde se fiche royalement de savoir si la personne à côté a été un petit génie ou pas, nous regardons le cœur dans nos amis. » C’est tellement vrai! Joyeuses fêtes!
Vos articles sont tous tellement plaisants à lire ! J’ose vous demander s’il est possible que vous preniez votre belle plume pour parler du burn out maternel lié à l’instruction en famille. C’est ce que je vis en ce moment et j’aimerais tellement vous lire sur ce sujet…..
Yasmina, je suis désolée de lire que vous êtes en burn out en ce moment! Il y a tellement de raisons qui peuvent mener à cela, et le parent enseignant n’y échappe pas. La fin de l’année vous permettra-t-elle de prendre des vacances? Je pense que c’est le premier geste à poser, celui de se permettre de se « regénérer »… Et, d’ici peu je ferai un sujet là-dessus… Prenez soin de vous!
Très juste ce billet, je viens de le programmer sur ma page FB pour mon retour prévu dans une huitaine de jours. Je n’ai pas d’enfants « ordinaires », pas envie de les pousser pour autant… Effectivement il y a une littérature de plus en plus abondante à ce sujet, littérature qui ne reflète pas toujours les diversités des uns et des autres. Le principal me semble être de prendre le temps, de ne pas se comparer les uns et les autres d’autant qu’on peut avoir un haut potentiel et des difficultés particulières, les attentes pour ces enfants là peuvent alors être plus importantes. Mais pourquoi ne pas tout simplement donner à chacun le temps de grandir ? le temps de rêver, de courir après les papillons ?
Yasmina, si vous le souhaitez je viens d’écrire un billet au sujet du burn out :
http://laventuredemietlou.blogspot.fr/2015/12/le-risque-du-burn-out.html
Bonnes fêtes de fin d’année !
Merci!
Excellent article Lysalys sur le burn out!
Merci Lysalys, j’ai lu attentivement votre article ainsi que celui de maman poisson. Merci d’avoir mis les mots sur ce que je ressens en ce moment; cette fatigue autant physique que mentale ne me quitte pas , ces maux de têtes… et cette agressivité que j’ai ; je ne me reconnais plus . Je souffre et j’ai envie de hurler , d’évacuer cette rage intérieure , d’évacuer toute cette pression.
Mes enfants sont mes joyaux , mes perles .. je m’en veux tellement d’être ainsi… chaque matin mes enfants me disent maman on ne veut pas aller à l’école , on veut continuer à voir les musées avec toi, à se promener dans les forêts avec toi et papa, on travaillera bien. Mais je n’y arrive plus , je n’arrive plus à me lever le matin , a poser cahiers et stylos sur la table.
Je crois qu’il faut que je me résigne à les inscrire à l’école même si ils ne le veulent pas
Quel joli portrait de « l’enfant ordinaire » et de sa chance, du moins, me semble-t-il, dans le cas de l’IEF. Car, dans les classes « ordinaires », il subit un double handicap :
– l’enseignant n’a pas le temps de l’aider lorsqu’il rencontre des difficultés « ordinaires »… vu la pesanteur des difficultés « extraordinaires » à résoudre !
– il récolte souvent cette terrible – et stérile – mention sur ses bulletins scolaires : « peut mieux faire »… avec les réactions parentales qui s’ensuivent !
Quant au « burn out » lié à l’IEF, il fait de vous, les mamans-enseignantes, des égales de bien des profs, qui retrouvent à la maison la famille – et, eux aussi des cours à préparer et, en prime, des kilos de copies à corriger – et qui « craquent », eux aussi, face aux pesanteurs de l’institution à laquelle ils appartiennent. Mais « haut les coeurs », et appuyez sur le frein : vous n’êtes pas en compétition avec l’école « ordinaire » – et heureusement ! -, vos enfants n’évolueront sûrement pas plus mal scolairement parlant, et si une inspection vous affirme le contraire, faites comme les profs « ordinaires », souriez poliment… et continuez de faire du mieux que vous le pouvez !! J’ai souvent récupéré au lycée des enfants ayant suivi l’IEF, et, après un temps d’adaptation « sociale » aux « règles collectives » pour certains, ou parfois un temps d’isolement car ils se sentaient « pas ordinaires » justement, ils s’intégraient, « suivaient » fort bien, et même savaient très bien tirer parti de leurs acquis, souvent « extra-ordinaires » d’ailleurs !
Bon repos et bonnes fêtes d’une fin d’année, que je vous souhaite apaisée.
L’enfant ordinaire est avant tout un regard je pense, et qu’il faut cultiver ce regard… Je me doute bien qu’en classe les problèmes étant multiples, ce n’est pas « simple ». Mais en classe maison, c’est possible d’éviter les étiquettes…
Pour le burn out, le cas des mères enseignantes a une particularité: l’isolement et l’incompréhension… Les mères (que j’ai connues) qui en souffraient ne voulaient absolument pas aller chercher de l’aide… Il existe une peur d’être incomprise étant donné la situation si marginale! La solution qu’elle entend de son entourage est « Tu te fatigues avec l’IEF, alors retourne les en classe. » Or, c’est parfois complexe ce qui conduit une mère enseignante au burn out… Elle sait qu’elle ne trouvera aucun soutien pour poursuivre ce projet tout en « guérissant »… Donc, elle n’en parle pas, ne voit pas le médecin etc… (enfin, ce sont les cas que j’ai pu voir… peut-être que cela change maintenant…)
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Ghilaine, merci pour votre commentaire. 🙂
Brune, merci pour ton retour sur mon article. 🙂 Effectivement j’ai également constaté ce même souci chez les mamans victimes d’un burn out ou du moins sur le point de succomber car pour en avoir vécu un complet il me semble difficile de faire l’impasse d’au moins une visite chez le médecin car on reste vraiment sans force. Mais je pense également que l’isolement joue beaucoup, les commentaires qui fusent ici et là ou tout simplement certaines attitudes y compris les contrôles lorsqu’ils sont stressants nous poussent à repousser plus loin nos propres limites. Trop souvent j’ai entendu « que fais-tu de tes journées ? » sans parler des interruptions parce que je suis à la maison. Depuis ce jour là j’ai appris à ne pas répondre au téléphone aux moments choisis, à demander de ne plus être appelée à ces moments là. Quant au « que fais-tu de tes journées ? », un comble pour une hyperactive comme moi. 🙂
Dans tous les cas il me semble qu’il faut apprendre à se détacher des attentes des autres, des jugements, des interrogations qui parfois sont simplement des interrogations d’ailleurs, relâcher la pression comme il importe de relâcher la pression sur un enfant « ordinaire » ou « moins ordinaire ». Là je fais une pause réseaux sociaux même si petite incartade avec visite sur ton blog, lol- N’empêche je tiendrai bon désormais et trop fatiguée aujourd’hui pour préparer la prochaine séquence littéraire de ma fille aussi vais-je cuisiner, bricoler des cartes de Noël et me balader ! Ce n’est pas parce que nous sommes des mamans à la maison que nous n’avons pas le droit de prendre des vacances. 🙂
Bonnes fêtes de Noël !
Profite. Je pense que tu devais être vraiment à bout alors… Et ton témoignage devient une ressource pour les autres. Merci de ce partage précieux.
Moi aussi je me donne toujours des périodes pour couper. je le fais souvent durant les vacances et quand mes grands arrivent! Bon Noël et bonne année Lysalys :)! et profite!
Je vous souhaite à tous et à toutes de bonnes fêtes , j’ai eu plaisir à lire tous vos commentaires. Cela fait du bien d’être comprise sans être jugée ou bien rabaissée. J’ai l’impression que beaucoup pensent qu’une maman au foyer ne peut pas vivre un burn out maternel. En lisant divers articles sur le net j’ai compris que mon mal être venait surement du fait que je n’ai pas de coupure avec mes enfants, je n’ai pas de temps libre pour moi , pas de loisirs sans mes enfants .
Je vais m’autoriser une longue, très longue pause pour réfléchir a tout cela.
Bonnes fêtes
Je viens de lire vos deux messages, et le plus sage est sûrement de prendre une pause et de prendre le temps de réfléchir à tout cela. Mais peut-être aussi de vous reposer , de couper un peu et de prendre du temps pour vous, (si le papa est en congé?). J’avais écris un article il y a deux ans sur la fatigue: https://grandirpresduchataignier.com/2013/11/28/la-fatigue-de-la-mere-enseignante-sujet-tabou/ Si cela peut aider…
Prenez soin de vous! 🙂
Je trouve votre article extrêmement émouvant… Elevée comme une enfant « extraordinaire », je mesure à l’âge adulte les traces que cela laisse… notamment une réticence à me lancer dans des activités dans lesquelles je ne suis pas « bonne » ou « douée » et la recherche permanente d’un regard extérieur pour valider mes actions et ma valeur…