Le temps file tellement rapidement! Nous voici bientôt à Noël et cette première partie de l’année scolaire prendra fin. Nous poursuivons avec les leçons de choses dans la classe. Elles sont le scellant de toute l’approche que nous utilisons pour le travail scolaire. Observer, acquérir du vocabulaire et le préciser, apprendre à comprendre la nature qui nous environne, expliquer les symboles de nos traditions… On ne s’en lasse jamais! Ces leçons tiennent une place importante même auprès de mes collégiennes.
Comme nous abordons la période des fêtes, nous avons choisi une plante traditionnelle en cette saison: le houx. Nous sommes parties sur les sentiers à la recherche d’un arbuste. Nous avions prévu des gants afin de ne pas nous piquer aux pointes des feuilles.
Nous avons cueilli quelques feuilles. Nous n’avons trouvé dans les bosquets près de chez nous aucun arbuste contenant les baies rouges du houx. En fouinant dans les manuels, nous avons compris que les plants trouvés étaient des mâles. Or, le plan mâle ne produit aucun fruit. Cette observation nous a permis d’apprendre un détail important sur cette plante. Il y a des plants mâles et d’autres femelles. Pour les besoins de la leçon, j’ai donc acheté un bouquet dans le commerce afin de pouvoir en observer les fruits.
Mes collégiennes ont pu approfondir certaines notions plus appropriées à leur âge. Quand les plantes sont sexuées, on appelle ce phénomène « dioïque ». La définition de ce terme sur Wikipédia : « De di- (« deux ») et du grec ancien οἷκος, oïkos (« maison ») : ces plantes ayant les fleurs mâles et les fleurs femelles sur des pieds différents. »
Pour ma CE1, j’ai gardé l’enseignement au plus simple: le houx sans « baies rouges » était le plant mâle, et le houx avec « baies rouges » le plant femelle. Elle est exposée au vocabulaire et cela me paraît suffisant!
Les feuilles cueillies sur les plants sauvages étaient tous sertis de feuilles aux pointes piquantes. Le bouquet acheté présentait quelques feuilles avec piquants, mais plusieurs avaient des contours lisses. Était-ce dû au fait de leur différence dioïque? En cherchant la réponse, nous avons appris qu’il s’agissait plutôt d’un phénomène appelé « hétérophyllie », c’est-à-dire que « l‘hétérophyllie est la caractéristique de certaines plantes, dites hétérophylles, qui produisent des feuilles d’au moins deux types différents. L’hétérophyllie s’exprime en fonction du développement de la plante (âge, position des rameaux) ou en fonction des contraintes du milieu (lumière, immersion, etc.). » (source Wikipédia).

Image prise sur http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/le-houx-une-plante-de-noel/
Dans le cas du houx, l’excellent site du département de biologie à Lyon – et pour cause il s’agit de l’Ecole Normale Supérieure!– explique que l’hétérophyllie de cette plante semble liée à l’âge de l’arbuste. Les feuilles au faîte sont plus entières et aux contours lisses, tandis que les feuilles jeunes offrent des feuilles aux pointes piquantes. Ce dimorphisme, selon de récents travaux serait dû à une adaptation : « De manière générale, il est bien connu que les piquants, les épines et les poils ramifiés (trichomes) constituent diverses adaptations contre l’herbivorie… les feuilles d’arbustes très épineux sont broutées moins souvent … que les feuilles d’arbustes moins épineux, ce qui montre que les piquants dissuadent les consommateurs …Par ailleurs, il a été observé que le broutage d’un pied de houx peut induire localement une spinescence plus importante Ces résultats suggèrent que l’hétérophyllie des feuilles de Houx pourrait constituer une adaptation au broutage : la pression de sélection exercée par les herbivores sur les populations de houx aurait conduit à une spinescence plus importante des feuilles des rameaux de la base des arbustes, lesquelles sont plus accessibles aux herbivores.« (source).
Nous avons posé sur la table les feuilles. Nous les avons observées de près. Les nervures, de même que les contours sont d’un vert très clair. La feuille elle-même est plus foncée, lisse, luisante sur le recto, plus claire et mate sur le verso. Elles ont un court pédoncule rattaché au rameau.
Ma CE1 a noté le vocabulaire « coriaces » et « acérées » pour décrire les feuilles. En les palpant, elle a vite compris le sens de ce vocabulaire!
Les baies – non comestibles – contiennent quatre gros pépins durs.
Mes filles ont ensuite effectué un schéma sur les feuilles avec le vocabulaire s’y rapportant. Nous trouvons une excellente page de leçon de choses sur le houx dans le livre de la Librairie des Ecoles ainsi que dans le manuel d’Orieux « Exercices d’observation CE1 » consultable sur mon site de prédilection Manuels anciens. Comme toujours, dans ces manuels, nous retrouvons la simplicité des apprentissages efficaces pour le primaire.
D’où nous vient la tradition de faire des bouquets et couronnes de houx à Noël?
Les Celtes avaient déjà une tradition superstitieuse concernant le houx en raison du vert « immortel » de la plante durant l’hiver . Les Chrétiens se sont également appropriés cette plante pour le 25 décembre: « Les Chrétiens placent du houx à Noël parce que l’arbre a toujours des feuilles vertes: pour eux cela veut dire que l ‘arbre est immortel; ses épines rappelaient la couronne de Jésus et ses boules rouges, le sang du Christ. Le houx s’utilise donc à Noël et le gui au Nouvel An. »
Quelles autres plantes demeurent vertes l’hiver? On pense bien sûr aux conifères, mais également au buis et au lierre que nous avons cueillis pour observer également…
Comprendre le monde qui nous entoure, que ce soit du point de vue environnemental ou culturel semble particulièrement important aujourd’hui…
Quelle belle leçon de chose!
Nous n’avons pas la chance d’avoir cette plante dans mon coin de pays.
«Comprendre le monde qui nous entoure, que ce soit du point de vue environnemental ou culturel semble particulièrement important aujourd’hui…»
Je suis tellement, mais tellement d’accord, et j’ajouterais : comprendre le corps humain devrait être un incontournable aussi 😉
Oui, les vieux manuels en primaire dans les leçons de choses abordent abondamment le corps humain et de l’animal ! Et c’est intéressant!