Voici la poésie de mes collégiennes. J’ai donné les deux versions à mes filles, et d’abord la version en ancien français. Elles ont comparé avec la version moderne. Cela permettait de comprendre l’apparition des accents en français. Ces vieux mots étaient écrit « es » ou « os »… Une poésie intéressante à analyser car le sens des mots n’apparait pas à la première lecture. Il faut un peu travailler. Mais elle demeure très accessible…
Du jour de Noël
La Terre au Ciel, l’Homme à la Déité,
Sont assemblés d’un nouveau mariage.
Dieu prenant corps, sans faire au corps outrage,
Nait aujourd’hui de la virginité.
La Vierge rend à la Divinité
Son saint dépôt, dont le Monde est l’ouvrage,
Mais aujourd’hui il a fait d’avantage,
S’étant vêtu de notre humanité !
Il a plus fait : car si du corps humain
Tenant la vie et la mort en sa main,
Il s’est rendu mortel par sa naissance,
Ne s’est-il pas lui-même surmonté ?
Cette œuvre là démontre sa puissance,
Et celle-ci démontre sa bonté.
Joachim du BELLAY (1522-1560).
Version ancien français:
Du jour de Noël
La Terre au Ciel, l’Homme à la Deïté,
Sont assemblés d’un nouveau mariage.
Dieu prenant corps, sans faire au corps outrage,
Naist aujourdhuy de la virginité.
La Vierge rend à la Divinité
Son sainct dépost, dont le Monde est l’ouvrage,
Mais aujourdhuy il a fait d’avantage,
S’estant vestu de nostre humanité !
Il a plus fait : car si du corps humain
Tenant la vie et la mort en sa main,
Il s’est rendu mortel par sa naissance,
Ne s’est-il pas luymesme surmonté ?
Cette œuvre là démontre sa puissance,
Et celle-ci démontre sa bonté.
Joachim du BELLAY (1522-1560).
Magnifique poésie… merci Brune 🙂
Avec plaisir! 🙂
… très beau texte, mais pas facile. Occasion aussi de constater la fantaisie de nos règles orthographiques, car si « nostre » est devenu « nôtre »… ce n’est valable que pour le pronom possessif, pas pour l’adjectif ! Autre occasion d’un rappel grammatical… qui permettrait de revoir aussi la règle de l’accord de « leur » selon qu’il est adjectif ou pronom… L’horreur absolue !
Oui, vous avez raison, pas facile. Quand mes filles ont choisi ce texte dans le livre https://grandirpresduchataignier.com/2013/12/14/poesies-de-noel/ Mais j’ai été étonnée qu’elles puissent l’aborder mieux que je ne l’aurais cru!
Intéressante, cette précision, que ce sont elles qui l’ont choisi… Une curiosité : le poème était-il illustré par la magnifique image que vous placez sur le site ? Si oui, cela pourrait corroborer l’idée – à laquelle, personnellement, je crois beaucoup – que, pour les élèves « d’aujourd’hui », l’image facilite l’entrée dans un texte… et constitue une « mise en appétit », essentielle aussi pour faire accepter les rigueurs de l’analyse. Ce croisement entre image et texte est un sujet qui m’intéresse beaucoup… car je crois qu’il n’est pas assez exploité par les professeurs de lettres, alors qu’il permet d’unir la dimension affective, le plaisir esthétique, à la rationalité. A titre d’exemple, d’excellents résultats obtenus en demandant aux élèves, au lieu d’une stérile « fiche de lecture » traditionnelle, plus ou moins « recopiée » de sites, de choisir sur internet (ou ailleurs) une image de « mise en scène » d’une pièce lue, et d’en justifier le choix à partir de la lecture de l’oeuvre. Le tableau qui illustre le sonnet, bien observé, en reproduit à la fois le sens littéral et l’élan religieux. Si c’est vous qui l’avez choisi, quel choix excellent !
Elles l’ont choisi je pense en raison du poète lui-même… On a étudié quelques poèmes de Du Bellay depuis deux ans et doit y être pour beaucoup. Je suis drôlement fière après vos propos, de dire que j’ai choisi cette image!
Je pense qu’en littérature, l’iconographie (choisi avec goût et soin) sert le texte. Mais, malheureusement, l’abondance d’images en mathématique et en science disperse l’attention inutilement.
J’aime beaucoup l’exercice que vous proposez à vos élèves, et je vais tenter l’expérience en janvier!