Nous prenons la semaine pour explorer le thème de la fête foraine. Riche thème qui les remplit de souvenirs heureux. J’aime faire appelle à leur vécu quand on aborde les thèmes. Au village familial, chaque fin d’été se conclut par une fête foraine attendue par les petits et les grands. Moment qui les fait rêver au fur et à mesure que les baraques s’installent sur la place. Les toiles recouvrent les manèges, mais déjà elles devinent ce qui sera et planifient ce qu’elles feront! Et entre toutes les confiseries qui les attirent, la barbe à papa à partager remporte leur faveur.
Riches de ces sensations, elles peuvent sans mal entrer dans les textes suggérés. Les mots trouvent échos en elles… Dans les vieux manuels, nous pouvons puiser dans ces textes truffés de mots riches. Nous nous en sommes données à cœur joie dans ce texte de Baudelaire. Déjà dans la première phrase on se délecte! Nous avons défini « ébaudir » et chacune d’elle a formulé une nouvelle phrase contenant ce verbe. Puis « Saltimbanque »: j’explique que le mot signifie « celui qui saute sur un banc ». Pour ma CE1 qui apprend les « m » devant les « b », l’écriture du mot sera un exercice en soi. Qu’est-ce qu’une « baraque »? N’en voyons-nous pas également sur les marchés de Noël? Et puis nous définissons « forain ».
Nous aimons l’étymologie des mots. Il semble que nous ne les percevons plus de la même manière par la suite! « Forain » vient du latin « foris » qui vient de l’extérieur, et par extension étranger. En anglais, la forme est restée pour qualifier l’étranger: foreign. Le forain est celui qui travaille à la foire. Or « foire » vient du latin feria signifiant jour de fête. On peut rapprocher le mot moderne « férié », un jour férié… En peu de mots, nous avons voyagé dans le temps, mieux compris l’essence profonde du mot à partir de la petite histoire qui y est évoquée… Nous touchons à la splendeur des mots, et c’est ce qui rend si intéressant le français. Nous y plongeons avec d’autant plus d’engouement que nous en ressortons nourries…
Texte commun
La fête foraine
Partout s’étalait, se répandait, s’ébaudissait le peuple en vacances. C’était une de ces solennités sur lesquelles, pendant un long temps, comptent les saltimbanques, les faiseurs de tours, les montreurs d’animaux et les boutiquiers ambulants, pour compenser les mauvais temps de l’année…
Pour moi, je ne manque jamais, en vrai Parisien, de passer la revue de toutes les baraques qui se pavanent à ces époques solennelles.
Elles se faisaient, en vérité, une concurrence formidable : elles piaillaient, beuglaient, hurlaient. C’était un mélange de cris, de détonations de cuivre et d’explosions de fusées. Les queues-rouges et les Jocrisses convulsaient les traits de leurs visages basanés, racornis par le vent, la pluie et le soleil ; ils lançaient, avec l’aplomb des comédiens sûrs de leurs effets, des bons mots et des plaisanteries d’un comique solide et lourd comme celui de Molière. Les Hercules, fiers de l’énormité de leurs membres, sans front et sans crâne, comme les orangs-outangs, se prélassaient majestueusement sous les maillots lavés la veille pour la circonstance. Les danseuses, belles comme des fées ou des princesses, sautaient et cabriolaient sous le feu des lanternes qui remplissaient leurs jupes d’étincelles.
Tout n’était que lumière, poussière, cris, joie, tumulte; les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux. Les enfants se suspendaient aux jupons de leurs mères pour obtenir quelque bâton de sucre, ou montaient sur les épaules de leurs pères pour mieux voir un escamoteur éblouissant comme un dieu. Et partout circulait, dominant tous les parfums, une odeur de friture qui était comme l’encens de cette fête.
Charles Baudelaire (1821-1867) Le spleen de Paris
Poésie pour le collège:
Fête foraine
Heureux les amoureux
Sur les montagnes russes
Heureuse la fille rousse
Sur son cheval blanc
Heureux le garçon brun
Qui l’attend en souriant…
Heureux dans son carrosse
Un tout petit enfant
Malheureux les conscrits
Devant le stand de tir
Visant le coeur du monde
Visant leur propre coeur
Visant le coeur du monde
En éclatant de rire.
Jacques Prévert, Paroles.
Poésie pour CE1:
Le cheval du manège
Il y a un cheval devant
Il y a un cheval derrière .
Et c’est mon cheval cependant
Qui est le premier du manège .
Il est blanc comme la neige
Qui scintille sous la lumière .
Il a dans le flanc trois miroirs
Où je me penche pour me voir.
Et une belle queue en bois
Qui est aussi large que moi.
Il est si vif qu’il sauterait
Du manège si je voulais.
Mais je le tiens d’une main ferme.
Il sait que c’est moi qui gouverne.
Il y a un cheval devant
Il y a un cheval derrière.
Il faut qu’il tourne patiemment
A sa place c’est la première
Maurice Carême
La dictée pour les grandes:
Les jours de fête ce sont jours de plaisir. C’est plus que du repos, c’est du plaisir. Chevaux de bois et loterie, et auberges pleines, en voilà de l’activité! Les bals sautent et font de la musique avec tant de cris et de bruit qu’il semble que la vie humaine est multipliée par cent. je vais tout voir, mais je m’attache à ce qui brille. les chevaux de bois sont un abrégé des merveilles des cieux. Ils contiennent des dorures, de la musique et du mouvement. Je leur donne toute ma bourse et, lorsqu’elle est vide, je les regarde tourner et je leur donne tous mes sentiments. les jours de fête sont bons comme des parents qui viennent quelquefois chez nous, avec des cadeaux et de la joie, et auprès desquels on oublie son travail et ses pensées.
Ch.-L. Philippe
La semaine tournera autour de ces textes à lire, à apprendre, à analyser. Chaque jour verra une phrase de la dictée à analyser grammaticalement. Ainsi nous passerons les notion vocabulaire, grammaire, conjugaison, orthographe et les effets de style sur ce simple travail de textes. A la fin de la semaine, elles rédigeront une courte rédaction.
Intéressant ce thème ! Léger et vivant !
Merci Lysalys. Disons, que ça fait du bien de penser à ces souvenirs légers! 🙂
Magnifique thème en effet… une belle semaine pour vous!
Oui, on l’a fait la semaine dernière et ce fut bien car on enchaînait cette semaine avec Noël et les marchés de Noël qui reprenaient certains termes 🙂