L’observation


DSC02413Ce qui me frappe dans les différents manuels anciens est la constance avec laquelle on demande aux enfants d’observer. C’est l’un des maîtres-mots qui revient dans les nombreuses consignes à lire. Dans toutes les matières du primaire, on demande aux enfants d’abord d’observer. Ainsi, l’enfant doit essayer à travers ce qu’il observe d’apprendre et de comprendre le monde qui l’entoure.  Je trouve cela très intéressant! L’enseignement d’aujourd’hui est dans une dynamique totalement inversée! Il est parfois suggérer d’observer pour ensuite déduire, ce qui est bon en soi, mais la plupart du temps, l’enfant doit partir de lui-même: « Que ressens-tu? Qu’en penses-tu? Comment terminerais-tu cette histoire? Quelle est ton opinion? »

DSC02417En soi, rien de nocif au premier regard si ce n’est que l’enfant n’a souvent pas les outils pour apporter une opinion construite sur le sujet. Quand on lui demande, par exemple, ce qu’il pense de la construction d’un poème, il faudrait déjà qu’il ait une base en versification pour pouvoir comparer et comprendre l’effet que veut produire le poète en changeant les règles de versification.

Je pense qu’il y a eu beaucoup d’errances pédagogiques à chercher à tout prix à partir de l’enfant. Ce qui ne veut pas dire que le tout est condamnable dans cette pratique. Rejoindre un enfant dans ce qui suscite son intérêt permet de travailler certains aspects à partir de ses motivations, et cela porte du fruit, nous le savons. Mais nous ne pouvons pas nous limiter uniquement à son horizon à lui! L’enfant  n’est pas construit dès le départ. Notre mission est de l’amener à comprendre le monde qui l’entoure afin qu’il ait les outils pour y frayer avec le plus de liberté.

C’est pourquoi je trouve l’observation si précieuse! Ce regard attentif sur l’environnement DSC02401qui l’entoure lui permet de le découvrir et le  comprendre. En l’invitant à observer la nature, un fruit, une plante, l’enfant saisit les différentes parties qui les constituent. Il apprend comment ils évoluent: la fleur laisse la place au fruit… la collerette de la pomme est le reste de la fleur qui fut dans l’arbre, à l’intérieur de la pomme, il y a le pépin qui, une fois planté, donnera un pommier qui donnera le fruit… Et l’enfant commence à établir des liens entre les différentes évolutions dans la nature. Il apprend à  comprendre le sens de la vie qui l’entoure.

Quand l’enfant observe une phrase afin de la recopier sans faute, il repère l’orthographe, et à force, commence à intégrer des notions, surtout si on le guide en lui faisant remarquer, par exemple,  que les noms précédés de l’article « les » prennent un « s ». Dans les leçons de choses, on engage les élèves à faire beaucoup de schémas. Or, pour exécuter un schéma, encore une fois, il faudra bien « observer » comment est l’objet à dessiner, le détail qu’il comporte afin de le rendre le mieux possible.

DSC01711Sortir dehors pour constater l’état des nuages dans le ciel avant la pluie; contempler un insecte avec ses mandibules; lire un passage d’un grand auteur pour mieux y saisir la construction des phrases; se repérer sur une horloge en étudiant les nombres autour du cadran et le mouvement des deux aiguilles: voilà tant d’occasions pour apprendre naturellement… Et cette approche est si simple à mettre en place… L’observation est une fenêtre qui donne sur l’extérieur de soi-même.

A propos Brune

Mère-enseignante de 8 enfants. Site: grandirpresduchataignier
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10 commentaires pour L’observation

  1. Sylvie dit :

    C’est d’ailleurs ce qui m’a séduite en premier avec les vieux manuels : on demande à l’enfant d’être présent dans son corps, dans sa vie, dans sa capacité de voir, d’écouter, de toucher, de vivre!

    Brune dit : « L’enfant n’est pas construit dès le départ. Notre mission est de l’amener à comprendre le monde qui l’entoure afin qu’il ait les outils pour y frayer avec le plus de liberté.»

    C’est tellement ça… tellement!
    Magnifique publication Brune!

    • Brune dit :

      Merci Sylvie. J’aime l’éclairage que tu ajoutes: « on demande à l’enfant d’être présent dans son corps, dans sa vie, dans sa capacité de voir, d’écouter, de toucher, de vivre!  » Oui, tu as raison, on sollicite plusieurs des sens de l’enfant. Une approche vraiment vivante!

      • Sylvie dit :

        Au lieu de se centrer sur des compétences, les programmes devraient se centrer sur le développement de l’enfant 😉

      • Brune dit :

        Ah! le jargon pédagogique… on pourrait en discuter des pages et des pages. Pourtant, le bonheur d’enseigner est loin de ce charabia 😉

  2. C’est ce qui me séduit aussi tellement dans la pédagogie steiner et que je retrouve dans les vieux manuels. Je trouve que les deux se marient très bien….

    • Brune dit :

      Les écoles Steiner reprennent le matériel conçu par Steiner il y a un siècle, et effectivement nous baignons alors dans cet univers qui rappelle les vieux manuels et leur époque. Steiner a apporté beaucoup au niveau l’enfance et ses jeux. Je le trouve très pertinent sur ce chapitre aujourd’hui quand on voit les ravages des tablettes auprès des tout-petits… Tous ses travaux artistiques et manuels me plaisent également beaucoup. Cependant, je n’adhère aucunement à son anthroposophie et au pré-déterminisme des personnalités des enfants. De même, je trouve que plusieurs de ses adeptes sont trop dogmatiques… Mais, le bonheur de l’IEF, c’est qu’on peut puiser le meilleur de chaque approche. Il existe des blogs sur l’IEF et Steiner, notamment celui-ci: http://journaldeschamps.fr/category/ecole-a-la-maison . J’aime bien, personnellement l’histoire des quatre opérations en calcul et l’histoire des lutins… Mon amie Sylvie en parle ici sur son blog 🙂 http://ecolemaison.net/2010/08/30/les-4-operations/

      Par contre, il faut se méfier un peu de certaines notions prises dans sa pédagogie. Notamment, il croit encore aux quatre éléments datant de l’antiquité et largement dépassé aujourd’hui scientifiquement! 😉

      • Adélaïde dit :

        Merci, Brune, pour tous vos articles fort intéressants et très bien écrits. Merci pour ce lien vers l’histoire des opérations… Une jolie mise en scène. Adélaïde

    • Brune dit :

      Oui, je trouve que c’est « parlant » ce petit conte…

  3. Oui je partage ton point de vue sur bcp. Chaque leçon est construite pour que l’enfant travail avec son coeur (bien souvent par l’artistique, mais aussi la littérature et la poésie, etc) main (par le travail manuel, et les apprentissages en mouvement) et enfin par la tête (l’intellect pur et simple)
    Après sur le fait de faire évoluer les pédagogie, cela relève du bon sens, comme on ne peut pas utiliser n’importe quel manuel ancien, en histoire ou en science par exemple!
    (il y a un forum ief selon la péda steiner, si un jour cela t’intéresse…)
    http://ief-waldorfsteiner.forumdediscussions.com/
    Au plaisir d’échanger…

    • Brune dit :

      Oui, c’est tout à fait cela! Et je pense qu’en IEF, il est plus facile de garder l’essentiel. j’ai côtoyé beaucoup de familles dont les enfants étaient en école Steiner, et c’est surtout dans ces établissements que j’ai rencontré des manières de faire dogmatiques et qui n’adaptaient pas en fonction des nouvelles connaissances. Mais, en IEF j’ai toujours trouvé que les parents adaptaient très bien cette pédagogie 😉 Merci pour le lien 🙂

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