J’ai mis du temps à répondre à Sabrina au sujet de l’enrichissement de niveau car je ne fonctionne pas vraiment en suivant les programmes actuels. Par exemple, ma mission de l’année a été d’apprendre à lire et écrire à ma CP . Son rythme à elle devient le tempo que nous suivons. Qu’il soit rapide ou lent m’importe peu. J’essaie constamment d’ajuster le tir. Si elle dépasse l’objectif, nous poursuivons avec plus de contenu.

J’ai souvent constaté que  lorsque nous voyons nos enfants progresser plus rapidement que l’on ne l’avait prévu, nous avons instinctivement tendance à donner du « plus »  costaud. Cependant, parfois, en augmentant trop et trop rapidement, nous les décourageons, et risquons de les rebuter devant le travail. Je préfère augmenter très graduellement la difficulté, et permettre à mon enfant d’en avoir juste assez pour travailler solidement en dosant la difficulté afin de lui donner un sentiment de réussite. S’il ronronne trop, si je sens la routine sans défi poindre, je modifie et augmente la difficulté.

Il y a une matière où je fais sauter de niveau sans souci: les mathématiques. Quand un enfant a la « bosse des maths », qu’il multiplie de tête des nombres à quatre chiffres en CE1, inutile de le laisser macérer dans l’apprentissage des tables qu’il connait déjà. Lorsque cette situation s’est présentée, j’ai regardé les manuels scolaires de mathématiques plus avancées afin d’offrir une nourriture adéquate. J’ai aussi ajouté le jeu d’échec en club, l’apprentissage de la musique de manière plus intensive. Car, il n’y a pas que les matières scolaires qui stimulent un matheux!

Pour mes enfants qui furent de « tôt lecteurs », j’ai tout de même revu avec eux le français du même niveau. Non pour l’apprentissage de la lecture elle-même (certains lisaient très fluidement avant le CP) mais pour une consolidation de l’orthographe et l’apprentissage des règles de grammaire. Certains enfants ont des mémoires visuelles phénoménales et écrivent pratiquement sans faute en CE1. J’estime malgré tout que de comprendre les raisons grammaticales derrière l’orthographe ne peut nuire…Je préfère faire une année « enrichie » qu’un saut de niveau qui ne rime à rien en IEF!

Je trouve important d’instruire mes enfants en ne leur collant pas d’étiquette afin qu’ils évitent de trop se comparer entre eux. Je constate d’ailleurs que ceux qui ont appris à lire en CE1 sont d’aussi bon étudiants que les autres qui ont commencé plus tôt.

Je considère ces apprentissages  au même plan que l’acquisition de la marche: certains marchent à huit mois, d’autre à vingt mois. Je pense que peu importe à quel âge on apprend à marcher, cela ne fait aucune différence à terme et un marcheur tardif peut devenir champion olympique en course de 100 mètres à la condition qu’il s’entraîne (tout comme le marcheur précoce)!

Je désire que mes enfants ne se sentent ni au-dessus des autres ni qu’ils se collent une étiquette de « nul » en classe. Etre rapide ou lent n’a aucune importance. C’est pourquoi je laisse les niveaux par âge. J’accorde de l’importance à la marche à long terme. Qu’on soit vite ou à la traîne, on doit tous apprendre à travailler pour développer son intelligence. Le génie c’est 10% de talent et 90 % de travail. Les enfants « rapides » ont souvent tellement besoin d’apprendre à travailler pour éviter d’être en échec plus tard…

Enrichir un niveau peut passer   par d’autres voies que le manuel scolaire: jeu d’échecs, l’astronomie, une lecture nourrissante, un herbier, la découverte des drapeaux du monde, les arts… Il y a de nombreuses façons de rendre plus enrichissante une instruction!

Mais à côté de cela, il y a aussi les enfants qui prennent plus de temps à consolider leurs acquis. Le travail qu’ils apprennent à fournir se faisant afin d’être à niveau, leur donne un net avantage à long terme car ils auront appris à travailler naturellement pour progresser!

Chaque enfant porte en lui une capacité d’intelligence qui demande à être nourrie à son rythme. Je ne les catalogue pas en vite ou en lent. Je crois tout simplement en chacun d’eux!