Chacun développe une stratégie pour faire fonctionner sa « classe » maison et je n’ai aucune prétention à faire croire que j’ai trouvé « la » méthode pour réussir à donner le goût de travailler en classe. Je partage seulement ce qui fonctionne dans notre maison! Il est difficile de transmettre des idées « carrées » en classe maison, car contrairement aux écoles où les classes sont formatées plus ou moins avec des niveaux bien établis et des âges précis, la classe maison est très diversifiée! Certaines classes ne comptent qu’un enfant à qui enseigner, d’autres en ont sept dont des bébés. Une mère enseignante peut faire face à des difficultés avec son enfant que je n’ai jamais connues, telles l’hyperactivité, le déficit d’attention, la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, l’autisme… Ce qui change totalement la structure qu’il faudra mettre en place.
Ma classe est donc, depuis de nombreuses années, multi-niveaux (au moins trois) et ne compte pas de souci particulier dans l’apprentissage. C’est sur cette base que l’on peut juger de l’expérience que je partage dans ces lignes.
J’ai démarré mon aventure IEF par de l’informel, une saveur plutôt « unschooling » sans en être totalement. Et c’est en cela que mon parcours diffère de la majorité, puisque la plupart partent d’un cursus très scolaire pour aller vers du moins structuré. J’ai plutôt senti le besoin de structurer ma classe après les fameux neuf ans de l’aîné…
Pour donner envie de travailler à mes enfants, j’ai remarqué que la planification de l’emploi du temps était primordial. Que les enfants sachent comment seront composées leur journée les aide à plonger dans le travail. Je dois donc avoir prévu ce que j’allais leur faire faire et ne pas improviser. C’est un exercice pas si évident pour moi, et j’ai tout de même besoin d’une plage de souplesse dans cette structure. Mais que le canevas soit en place rassure tout le monde!
J’ai également observé que de prévoir des périodes de travail courtes et passer à autre chose par la suite était bénéfique. J’ai eu longtemps cette fâcheuse manie d’aller jusqu’au bout! J’avais du mal à arrêter un travail tant que nous n’étions pas allés au bout des exercices prévus. C’est très fatiguant et décourageant pour un enfant. Une mère chevronnée de l’école maison m’avait refilé un truc à elle: elle déterminait un temps de travail avec ses enfants récalcitrants à l’effort et respectait ce temps. L’enfant qui peut anticiper que dans vingt minutes il pourra passer à une autre matière, ou une autre façon de travailler ou mieux une pause, s’investira davantage dans son travail s’il a confiance que nous respecterons ce contrat. Elle mettait même un petit cadran devant l’enfant afin qu’il puisse vérifier l’heure. On laisse parfois en plan un travail. On le poursuit après la pause ou le lendemain ! C’est incroyablement salutaire!
Grâce à l’expérience des cours par correspondance, j’ai instauré une routine quotidienne. Nous croyons à tort que la routine est à mourir d’ennui pour un enfant. C’est une conception véritablement adulte. L’enfant se plait dans la routine. Il en est sécurisé. Il aime savoir ce qu’il va faire : cela lui donne un sentiment de contrôle sur son quotidien. Il aime comprendre ce que l’on attend de lui. Et si nous oublions une partie, il nous le rappellera: « Oh! nous n’avons pas fait le chant! » Chez nous, cela commence par le petit déjeuner, chacun s’habille, fait sa toilette, range sa chambre et commence la classe. Et cette classe est scandée par un rythme. Selon les saisons, on peut d’abord faire une petite promenade. Mais par ce froid de canard, où la noirceur est à peine dissipée, j’y pense moins pour le début de journée; nous y allons plutôt au milieu du jour. Nous récitons une courte prière composée par une amie, nous entonnons ensuite un chant qui dispose notre « coeur »*, et nous démarrons enfin avec une période courte d’écriture concentrée. C’est ce que Sylvie appelle de la « copie » avec Charlotte Mason. En général, j’aime que ce soit une belle pensée, mais ça peut être une devinette ou une très courte biographie d’un personnage illustre.
La raison de l’emploi d’une structure est très simple. Notre enfant démarre la journée avec en tête ce qu’il fera . Si rien n’est prévu, il fera ses plans: terminer son jeu de playmobil débuté la veille, poursuivre la construction de sa cabane dans le jardin. Tout changement de programme pour lui entraînera une lutte. Nous non plus n’aimons pas voir nos plans changer! Le jeu demeure très important pour notre classe maison, mais nous ne commençons jamais par cette partie. La meilleure pub pour l’IEF est le fait que nos enfants peuvent disposer de beaucoup de temps pour se construire par le jeu: mais chaque chose en son temps…
J’ai remarqué que mes garçons avaient eu beaucoup plus de mal à entrer dans une structure. Est-ce dû au fait que nous n’en avions pas au départ ou du fait qu’ils soient des garçons? A chaque début d’année, il fallait deux à trois semaines avant de sentir qu’ils entraient dans notre routine et quittaient les vacances. Inévitablement, ils s’habillaient très rapidement, et le temps que je termine mes tâches quotidiennes, que j’habille les petits, ils étaient déjà installés dans la salle de jeux!!! Et, c’était des protestations pour les en tirer. Mais, avec patience, fermeté et aucun mouvement d’humeur j’insistais pour qu’ils gagnent leur siège.
Une phrase m’a aidé à les convaincre du travail à faire: « Tout enfant doit être scolarisé. C’est la loi. J’ai pris la responsabilité de vous scolariser et je dois donc m’acquitter de ma tâche. Si vous ne voulez pas faire la classe avec moi, il vous faudra accepter de la faire à l’école. Car je ne peux vous laisser sans instruction. » Ce n’était ni une menace, ni une manipulation! Un simple rappel à la réalité et à nos obligations respectives!
Avec mes plus jeunes, toutes des filles, je n’ai jamais eu ce souci. Est-ce dû au fait que la structure était déjà en place dès leur naissance? Au début de l’année, je leur rappelle parfois qu’on va commencer la classe alors qu’elles s’apprêtent à jouer, et elles accourent aussitôt: « Ah, oui! J’avais oublié! »
Pour ne pas vous lasser, je vais poursuivre mes réflexions dans un billet ultérieur… Celui-ci étant suffisamment long! J’aborderai le cas des enfants pour qui tout est facile et refusent l’effort, de même que des moyens parallèles au scolaire pour encourager l’effort.
* En ce moment, nous chantons un joli chant de Noël en anglais.
Merci pour ces derniers billets très inspirant! Déjà hâte au prochain billet! 😉 J’en aie une comme ça : elle réussit tout facilement, mais décroche si cela demande de l’effort. 😉
Je découvre depuis peu ton blog et je le trouve très rafraîchissant! Merci beaucoup! J’adore ces blogs qui font du bien à l’âme et ils sont rares. 😉
Un grand merci pour ce mot… rafraîchissant! 🙂 Dès que j’ai du temps je m’atteèle à l’autre. Il est déjà commencé en brouillon…
Que j’aime ce genre de réflexion et partage…cela démontre que l’ief n’est pas un chemin tranquille, mais qu’il y a régulièrement besoin de trouver des astuces et autres pour continuer le chemin. Merci….on se sent moins seul !
Nous avons une richesse extraordinaire aujourd’hui grâce à internet. « Dans le temps » de mes débuts, j’allais à des rencontres de parents d’IEF. C’était très précieux en terme de soutien. Maintenant, avec les blogs très prospères sur le net, on va beaucoup plus loin dans l’échange de l’expérience. C’est très très riche.J’ai l’impression d’avoir de vrais collègues de travail en vous qui partagez un blog ou un commentaire. 🙂
bonjour à vous un grand bravo pour votre blog qui est d’une grande aide pour moi. Je vais commencer l’ief fin août avec un niveau maternelle et un niveau cm2 et je me demandais comment faîtes vous pour préparez vos leçons en avance ? et comment faîtes vous pour préparer le contrôle de l’inspecteur ? merci à vous et bonne continuation sous votre châtaigner 😉
Bonjour. Je choisis mes manuels au début de l’été. Je m’y plonge au fil des jours. Je regarde la répartition des tables de matières. Pour l’inspection, je reviendrai là-dessus en septembre.