Je me souviens d’un stage que j’avais effectué dans une classe de niveau CP auprès d’une « vieille maîtresse ». Les parents faisaient tous pression pour que leur enfant passent par elle. A l’époque, j’étais jeune dans la profession, presque formée déjà pour le métier et remplie d’idéologies. Dois-je avouer que je ne comprenais absolument pas pourquoi cette personne sur le point d’être en retraite avait un tel succès? Elle m’apparaissait sévère, d’un autre âge, avec des méthodes obsolètes!

On venait à elle, m’a-t-on dit, parce qu’elle avait une approche claire et démarrait bien les enfants en lecture avec des méthodes « traditionnelles ». Je n’avais aucune expérience du terrain, que des grands principes plein la tête et ne pouvait admettre cet engouement… Mais le temps a passé et j’ai fait mon expérience! Ah, que n’avais-je pas vu dès le départ toute la pertinence des méthodes de Miss Woodworm à qui elle ressemblait étonnamment!

Un des points qui suscitait un point de rebroussement pour certains parents, par contre, était son obstination à offrir beaucoup de vocabulaire aux enfants, et ce vocabulaire dépassait largement le niveau CP. Certains parents croyaient que c’était trop fastidieux pour leur petit…Qu’elle avait pourtant raison! Dans son livre Apprendre à lire en famille, Marlène Martin, orthophoniste, insiste sur l’acquisition d’un vocabulaire riche dans l’apprentissage de la lecture chez le jeune enfant. Plus un enfant connait de vocabulaire, mieux il apprendra à lire, car les mots prendront un sens dans son esprit à mesure qu’il les « déchiffrera ».

Cette année, chaque jour, je raconte une petite histoire à ma fille de CP. Je sélectionne les histoires, entre autre, en fonction de la richesse du vocabulaire qu’ils offrent. Cette semaine, j’ai bien aimé lui raconter « Le mystère de la plume mordorée », petit livre trouvé dans un vide-grenier l’an dernier…

Ce fut l’occasion d’apprendre de nouveaux mots. L’histoire est simple, je dirais même « bonne enfant », mais elle est prétexte à apprendre de nouveaux mots riches!

 Après avoir expliqué « mordorée » nous avons poursuivi le texte. Puis, dans son cahier, ce fut prétexte à une petite activité toute simple sur ce que je venais de raconter.

En lien avec cette démarche, je lui fais tenir un petit cahier des lectures les plus marquantes que nous ferons. On y inscrit le titre, on y place un mot de vocabulaire appris (pour l’instant, c’est moi qui écrit à sa place) puis elle représente le mot par un petit dessin dans une bulle tracée au compas (voilà l’occasion d’apprendre à se servir de l’instrument!). Puis, sur la page, elle illustre le thème principal de l’histoire ou une scène, selon le livre lu. Cette fois,  le mot de vocabulaire à dessiner était « mordorée », et naturellement elle l’a illustré par ce qu’elle avait croisé dans le récit, soit la plume.J’en ai profité pour lui apprendre à dessiner une plume: excellent exercice pour le graphisme!!!. Je crois que ce cahier, tel un petit cahier de répertoire de vocabulaire, sera fabuleux à regarder à la fin de l’année!