J’entendais hier au cours d’une émission de radio parler d’évaluation concernant l’efficacité de la lecture. L’objectif est très louable! Il s’agit de déterminer quelles méthodes seraient les plus efficaces afin de développer de meilleures stratégies de lecture chez l’enfant. Nous recherchons tous ce moyen qui aidera l’enfant à passer à l’acte de lire! J’entendais des termes qui me rappelaient pourquoi je n’avais plus envie d’enseigner dans un établissement… Méthode de transmission synthétique ou analytique? Je dois dire que je perds toute envie d’enseigner quand je dois décortiquer mon approche et la définir point par point en tentant de coller aux objectifs du programme…
On a sûrement raison de chercher l’efficacité en enseignement. Mais cela me rappelle combien on a « tué » les métiers reliés à la santé, comme celui d’infirmière en essayant de le rendre plus efficace. En combien de temps change-t-on un pansement? Combien de temps pour visiter tous les patients de l’étage? Une infirmière que je connaissais me confiait qu’en rendant la tâche plus efficace, ces grands pragmatiques avaient oublié que soigner impliquait une dimension humaine et que cet aspect n’est pas comptabilisable. Madame Pinson doit se faire changer son pansement , certes, l’acte lui-même requiert peu de temps, mais pendant qu’on lui installe le nouveau, elle a besoin d’être rassurée et écoutée dans ses angoisses…
En enseignement, même si l’implication est fort différente, la recherche d’efficacité risque fort de broyer le plus important de l’approche en lecture: donner envie! Roland Barthes disait que le fait de décortiquer un texte risquait fort de faire perdre de vue le plaisir du texte lui-même (je traduis à gros traits bien sûr)…
Le plaisir d’enseigner doit être en symbiose avec ce feu qui nous anime: donner un texte parce que ce texte vaut d’être lu! Enseigner repose sur une grande générosité: l’envie de partager un savoir! Bien sûr, on fera aussi de l’analyse de texte, et on apprendra également au contact d’un passage d’oeuvre la grammaire! Mais, sans développer le plaisir de lire, toute stratégie me paraît, en définitive vouée à un certain échec. Que vaut la lecture efficace si aucune envie de lire ne surgit?
Enseigner est un élan, une relation à l’autre, un désir de partager ce que l’on sait et qu’on ne peut garder pour soi. Cela dépasse largement une méthode. La méthode n’est qu’un moyen pour transmettre, adaptée à l’enseignant et aux élèves. Enseigner, c’est vouloir que l’autre soit meilleur…
Tout à fait d’accord . J’ai mis d’ailleurs un lien d’une conférence de Ken Robinson à ce sujet, fort intéressante, sur mon blog !
Voilà pourquoi, moi aussi, je n’ai pas envie de reprendre…voilà aussi pourquoi je suis opposée à l’obligation de résultats pour les profs, à partir du moment où la « matière première » est l’humain en devenir, seule l’obligation de moyen est valable et réalisable !
J’ai vu le lien mais n’ai pas encore eu le temps de regarder. Je pense me faire plaisir en le regardant ce w-e! 🙂