J’utilisais jusqu’ici, faute de mieux, le terme « lectures obligatoires » pour désigner les livres que j’inscrivais dans le cursus scolaire de mes enfants. Et ceux-ci n’étaient pas du tout gênés par l’appellation! Ils viennent régulièrement me trouver quand ils ont fini une lecture, pour me demander une autre lecture « obligatoire »! Mon mari trouvait l’appellation un peu rébarbative, car la lecture est une invitation positive. Il m’a suggéré le terme « nécessaire », et je l’ai aussitôt adopté. Ce terme correspond effectivement mieux à l’esprit dans lequel nous invitons nos enfants à faire certaines lectures. Ce sont celles que nous jugeons « bien », voire « essentielles » à insérer dans leur bagage culturel. Les lectures suggérées à mes enfants ne sont pas toutes étudiées en classe. Parfois elles accompagnent le thème, comme ce fut le cas lorsque l’on parlait des textes d’Homère ou d’Ovide: ma fille de 6e lisait ces textes dans des versions adaptées (et pas seulement les extraits des manuels). Bien souvent, les lectures sont suggérées car elles font partie d’un héritage culturel commun, adaptées à leur âge et leur offrent des modèles différents d’écriture. En général, je choisis parmi les classiques, ceux qui ont passé l’épreuve du temps. Toutes ces lectures ne plaisent pas forcément à mes enfants. Je trouve parfois important de les amener à lire des textes vers lesquels à priori ils n’iraient pas. Dans le cursus scolaire, on est parfois contraint de lire des livres qui parlent moins. J’inviterais sûrement à plus de prudence avec un enfant qui n’aime pas lire… Il m’est arrivé de changer la lecture à une de mes filles car finalement je m’étais fourvoyée, et ce livre présentait plus de difficultés que je n’avais anticipées, même si je l’avais lu préalablement. La lecture ne doit pas dégoûter non plus!
Pour recommander une lecture, mes critères reposent sur l’intérêt littéraire de l’oeuvre en lien avec l’âge de l’enfant et sa qualité d’écriture. Il peut s’agir parfois aussi de découvrir un genre littéraire. En dehors des œuvres « nécessaires », mes enfants lisent aussi des livres qu’ils ont choisis. Mais je ne laisse pas tout lire! Je sais que ma démarche est parfois perçue en ce sens trop encadrante. Mais partant du fait que pour moi ce qu’on lit nourrit notre « âme » je souhaite vraiment que mes enfants soient au contact d’œuvres qui les tireront vers le haut. C’est sans doute ringard. J’assume! Puisqu’on ne cesse de nous dire partout que les enfants sont en perte de repères, qu’ils n’ont plus de valeurs, je fais de la lecture un outil éducatif… Elle est pour moi un point de départ pour exalter le beau et le bon en eux. Elle est aussi récréative bien sûr. Les Géronimo Stilton, les Cabane Magique, les BD et autres existent aussi à la maison en lecture de détente.
Tout ne se vaut pas en littérature. Un récit écrit selon des critères de recette commerciale pour faire vendre et reposant sur le nivellement par le bas n’apportera jamais ce que la plume d’un Pagnol, d’une Colette, d’un Marcel Aymé ou d’un Victor Hugo saura imprégner dans l’écriture même d’un enfant. C’est pourquoi je sélectionne les lectures nécessaires rigoureusement.
Lecture du moment en 3e
Maria Chapdelaine par Louis Hémon
Lecture de 6e:
L’âne Culotte d’Henri Bosco
Lecture de CM1:
Le chalet du bonheur de Paul-Jacques Bonzon (l’auteur des Six compagnons)
Pour tous les amoureux de Paul-Jacques Bonzon, un site incontournable à consulter: http://paul-jacques-bonzon.fr/
Mais non, ce n’est pas ringard! La lecture nourrit et élève notre âme, j’en suis intimement persuadée.
Je le pense aussi, comment en serait-il autrement?