Cultiver une tête bien faite


Pour mon retour en train depuis la montagne, un titre du magasine Le Point a retenu mon attention: « Peut-on encore confier nos enfants à l’Education nationale? Ecole, l’enquête qui fait mal ». Passé le titre racoleur,  on y découvre des articles intéressants, notamment celui de  » « J’accuse » du philosophe Alain Finkielkraut » et « Un nouveau Jules Ferry ne serait pas de trop ». Il s’y trouve également un article sur l’école maison comme option à l’école, ainsi que diverses autres expériences d’école qui se vivent à travers le monde.

J’ai aimé non pas macérer dans la dépréciation d’un système en se disant « qu’est-ce qu’il est pourri », mais en y constatant qu’une idée commence à se répandre, même si elle est considérée comme le fait d’une très petite minorité: une éducation sans large part à l’humanisme risque de développer une piètre société. Nous ne pouvons éduquer qu’en fonction seulement des technologies,  il nous faut aussi  cultiver les esprits, apprendre à réfléchir et plonger dans ces grands textes qui ont forgé l’humanité. Un article m’a permis de découvrir la philosophe Bérénice Levet qui s’inquiète que dans la nouvelle réédition du « Club des cinq » on « a remplacé le passé simple par le présent et remplacé les mots désuets tels saltimbanque ou roulotte. » Ce passage cité renvoie à un article payant en ligne qui s’intitule « Le droit à une continuité historique ».

Alain Finkielkraut croit que l’on commet une erreur en faisant l’économie d’un apprentissage « classique ». Faut-il cesser d’apprendre puisque les technologies nous en dispensent ? En un clic on peut trouver sur le net tout ce que l’on cherche:  » La culture suppose une fréquentation, une imprégnation et un effort de mémoire dont Internet vous dispense. Le savoir y est déposé. Ce n’est pas une raison pour aller voir. C’est un alibi pour ne rien apprendre. »

Le débat sur l’école et son enseignement n’est pas clos… Pour ma part, ces constats m’ont entre autre conduite à enseigner à la maison ce que je ne trouvais plus pour mes enfants à l’école. L’école est-elle aussi sombre ? Je ne le crois pas… Mais, en voulant être le plus égalitaire possible et en nivelant par le bas, elle est en train de créer une instruction à deux vitesses: l’école des riches qui continueront à avoir un haut niveau, et l’école de tous ceux qui restent…

L’école des dernières décennies a aussi apporté une réflexion intéressante. Ce désir d’impliquer les enfants dans leurs apprentissages et leur apporter différents supports demeure  stimulant! J’espère que nous saurons garder ces apports et nous appuyer à nouveau sur les trésors que nous ont légués les pédagogues qui nous ont précédés. Pourquoi ne pas offrir le meilleur des deux mondes? C’est ce que nous pouvons tenter de faire en IEF à notre modeste portée…

A propos Brune

Mère-enseignante de 8 enfants. Site: grandirpresduchataignier
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2 commentaires pour Cultiver une tête bien faite

  1. sandrine dit :

    rebonjour,

    Décidément votre blog me fait souvent réagir!
    Même si mon regard est sans complaisance sur l’école, je crois encore en elle. Je ne suis pas passéiste mais je trouve stupide qu’en voulant améliorer l’école on ai fait table rase du passé. Née en 75, je suis passée au travers des mailles de la méthode globale en lecture et des maths modernes car j’étais dans une petite école de campagne à 2 classes ( de la PS au au CM 2) que les nouveautés de la ville ont eu du mal à atteindre. Même si ces années de primaire n’ont pas toujours été idylliques, je ne remercierai jamais assez mes institutrices de m’avoir appris à lire, et pas seulement les « productions écrites » de la classe ou des recettes de cuisine, mais de beaux textes ou le passé simple avait droit de cité. J’aime lire passionnément et c’est pour moi un crève-coeur de voir tous ces enfants à qui on n’offre plus la possibilité d’aimer la littérature. Quand on ne déchiffre une phrase qu’au prix d’un gros effort comment voulez-vous aimer lire. Ils n’ont pas le choix d’aimer ou non.Au-delà de ce simple plaisir de la lecture, on peut se demander quels citoyens l’Ecole forme-t-elle actuellement? Des moutons de Panurge?
    Je tiens aussi à souligner que désormais même les enfants des classes aisées ne sont plus épargnés. Les cours de remise à niveau font leurs choux gras avec eux. Pour ce qu’en j’ai en vu, ce sont la plupart du temps des enfants intelligents, même pas « dys » quelque chose. Simplement pour eux, lire un texte (énoncé de maths, poésie…) est une épreuve.

  2. Brune dit :

    Je suis certaine aussi qu’il se trouve des expériences très positives à l’école. Cependant, je n’ai pas ce courage d’y laisser mes enfants au primaire… Je n’ai pas envie de me « battre » contre certaines « procédures » pédagogiques que je risque de croiser. Et je ne me vois pas aller dire à un professeur d’enseigner selon ce que je crois pédagogiquement. Un professeur doit pouvoir enseigner à sa façon… Par cohérence, j’enseigne à mes enfants. Bon, ce n’est pas non plus seulement par réaction! Je suis enseignante de formation, et j’aime l’école… et nous prenons plaisir à vivre en famille notre « école »…
    Merci de tous vos commentaires Sandrine, ils sont forts intéressants!

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