Ce lien


DSC04171Nos enfants grandissent à nos côtés et en cela nous allons à l’encontre de toute la pensée moderne qui consiste à penser qu’un enfant trouvera son équilibre, son épanouissement, son autonomie hors de la maison. Il y a toujours un certain malaise chez les gens à l’idée que les enfants sont en « permanence » à la maison pour leurs apprentissages. Pourtant, je constate dans mon quotidien les aspects positifs de cette proximité.

Premièrement, il est faux de penser qu’un enfant est en permanence avec sa mère quand il est en IEF. L’enfant a des activités à l’extérieur de la maison -enfin, pour la majorité. Il doit donc à certains moments de la semaine savoir se conduire en groupe, écouter les consignes d’un autre adulte, se mêler à d’autres enfants différents de lui. Il se fait aussi des amis . La situation de vie diffère d’une famille à l’autre, selon le lieu où nous habitons, mais souvent  il y aura possibilité de nouer avec les petits voisins. De plus, nous entretenons des amitiés qui se sont tissées lors d’activités, ou dans les groupes de soutien de l’IEF par exemple. J’ai entendu récemment un professionnel qui me disait que les activités c’était bien, mais l’école offrait davantage au plan de la socialisation, car on y accueillait des enfants d’horizons différents. Alors que les activités étaient plutôt des groupes d’intérêt dans lesquels il existe moins de confrontation. Quelle bêtise ne nous sort-on pas encore? Il existe des écoles de sports-études, non? Ces écoles regroupent des enfants selon leurs intérêts aussi. Ce ne seraient donc pas , si on en s’en tient à ce raisonnement, des lieux de socialisation ???  Et quand dans le groupe scout de ma fille, un des gamins a des problèmes de comportement et tape sur tous avec un bâton, elle ne connait pas les aléas de la socialisation avec des enfants différents d’elle ? Il y a des écoles qui ne mêlent pas les milieux sociaux car trop chères pour les plus défavorisés, ou desservant des quartiers assez homogènes socialement. En contre partie, parfois, dans les activités de quartier telle la gymnastique du coin, nos enfants auront une mixité sociale plus grande que dans certaines écoles huppées …

En IEF, la différence tient dans le fait que la socialisation en groupe ne s’effectue pas en temps complet. Nous choisissons de le faire à temps partiel. J’aime pouvoir suivre le travail scolaire de mon enfant, le guider, ajuster mon enseignement à sa mesure. J’aime être là et le socialiser en lui apprenant les règles de vie, ce qui se fait, ce qui ne se fait pas de manière plus « rapprochée ». J’aime lui apprendre à avoir un comportement acceptable et à vivre avec son entourage et de ce fait, l’encourager à reproduire ces schémas sains à l’extérieur. Une de mes filles aînées savait parler de compromis  à faire dans un jeu avec ses amies à 5 ans, à la grande surprise du père d’un des enfants dont le métier était instituteur.

Il y a aussi ce lien très précieux que nous tissons avec chacun d’eux. Ce lien est tout aussi possible , bien entendu, quand son enfant va à l’école. Mais dans ma composition de famille nombreuse, pouvoir disposer de la journée devant moi pour trouver le temps d’échanger, de connaître, d’écouter mes enfants afin de pouvoir prévenir d’éventuels soucis m’est très précieux. Le danger n’est-il pas dans cette proximité de formater ses enfants, de les empêcher de vivre? C’est sous-estimer la liberté que possède chaque individu. Mes enfants ne sont pas la concrétion de l’éducation reçue. Ils ne répondent pas à la somme de travail que nécessite leur éducation. Et c’est tant mieux! Nous ne pouvons emprisonner des désirs, des pensées (sauf dans des sectes, mais l’IEF n’a pas de dynamique de secte dans une famille normale). Mes enfants ne sont pas parfaits. Et moi non plus d’ailleurs. Ils ont une personnalité propre à eux, une sensibilité qui diffère de l’un à l’autre,

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des goûts différents, des ambitions différentes… Et finalement, ils sont bien mieux que tout ce que j’avais pu prévoir avec mes rêves naïfs de parents débutants. Ils savent fort bien dire ce qu’ils veulent, poliment, mais avec conviction. Et surtout, ils savent venir nous trouver et nous parler en cas de besoin…Quand je regarde mes aînés, je ne sais pas si ce que je leur ai apporté a été mieux que ce qu’ils auraient trouvé à l’école, mais je sais qu’ils n’ont certainement pas reçu moins que s’ils y avaient été…

A propos Brune

Mère-enseignante de 8 enfants. Site: grandirpresduchataignier
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