Je me souviens d’une émission de radio, il y a fort longtemps, dans laquelle un linguiste insistait pour que l’on outille les enfants à développer leur langue à un haut niveau. Connaître sa langue était pour lui une façon de lutter contre la violence. Gilles Vigneault, le chanteur/poète québécois ne disait-il pas que « la violence est une absence de vocabulaire »?
Les parents du linguiste en question avaient péri à Auswitch. Pour lui, la langue était un outil au service de la pensée. Bien connaître sa langue permettait de communiquer clairement sa pensée et offrait une chance de mieux réfléchir…
J’ai toujours eu cette réflexion en tête en enseignant à mes enfants. Et, comme la grammaire importe beaucoup dans la compréhension de la langue, insister sur l’orthographe n’est pas obsolète. Elle permet de bien comprendre l’énonciation. Comprendre ce qui est écrit et se faire comprendre quand on écrit. Prenons la phrase:
« Alors, sur ces labours passait la herse qui enterrait le grain. »
L’orthographe du verbe passer est indispensable afin de comprendre qui fait l’action.
Autre exemple, le sens n’est pas le même quand on écrit: « Je suis là » et « je suis las ».
La ponctuation a aussi toute son importance, comme le démontre ce message anglais qui circule sur internet:
« Allons manger Grand-Mère!
Allons manger, Grand-Mère!
La ponctuation sauve des vies. »
Il m’apparaît essentiel de travailler le français avec les enfants, de persévérer à leur apprendre des règles et des notions qui ne sont pas toujours une partie de plaisir, car je crois vraiment qu’une pensée claire n’émerge que par le biais d’une langue bien maîtrisée. L’objectif visée demeurant la « tête bien faite » de Montaigne… En maîtrisant la langue et ses rouages, on peut commencer à réfléchir.