Qui sont ces gens, ces sénateurs qui présentent la proposition de loi visant à limiter la possibilité d’instruction obligatoire donnée par la famille à domicile aux seuls cas d’incapacité? Faites une recherche rapide et vous verrez que ce sont des professeurs d’université, des chefs d’entreprise. Ces gens, nous en sommes convaincus, n’ont aucun mal à choisir réellement pour leurs enfants (s’ils en ont) les établissements qui leur conviennent, les moyens ne leur manquant pas. Poussons le questionnement plus loin. Quelle expertise ont ces gens pour déterminer la nuisance de l’IEF pour un enfant? Ils brandissent la « socialisation » pour réclamer l’interdiction de l’instruction en famille pour tous, sauf pour ceux qui, en fait, embêtent parfois bien le système et qu’on pourrait être bien content de ne plus voir à l’intérieur des établissements…
Mais quelle étude ont-ils mené pour en arriver à cette conclusion? Sur quoi repose cette peur qu’un enfant serait désocialisé s’il ne va pas à l’école? Est-ce seulement une idée de gros bon sens chez les sénateurs? Des propos de café de commerce autour d’un expresso, voire d’un verre , et on se dit entre nous que ça n’a pas d’allure de laisser des enfants ne pas aller à l’école? On se demande, car nous, parents éducateurs, nous appuyons sur des études sérieuses menées outre-atlantiques, qui démontrent toutes que la socialisation n’est pas du tout menacée quand un enfant est instruit en famille, et même que les enfants en IEF seraient généralement plutôt bien socialisés…
Quel désir alors se cache sous cette proposition de loi? Un désir d’égo personnel? Car en s’attaquant à très petit, on risque enfin de vraiment l’emporter pour faire passer une réforme. Environ 30 000 enfants entre 6 et 16 ans ne fréquentent pas l’école. Ce qui représente un gros 0,3% de la population en âge d’être scolarisé dans un établissement. Ouf! Quelle réforme! Quelle avancée pour l’éducation d’un pays! On va mettre au pas par cette mesure 0,3% de la population mineure. On va faire entrer dans les rangs 0,3 % d’un groupe qui pour la plupart fonctionne déjà très bien, et réussit plutôt bien dans un système où l’échec scolaire est de 20%. Et côté harcèlement scolaire, cela touche 12% des enfants quotidiennement en France. Merci messieurs mesdames les sénateurs, nos enfants vont apprendre les joies de la socialisation…
Qui sont ces gens qui pratiquent l’instruction en famille? Plusieurs parents retirent leurs enfants car le système n’a pas de place pour eux. Ces enfants sont souvent en souffrance ou en échec scolaire. D’autres parents n’ayant pas le salaire de professeurs universitaires, ni de chefs d’entreprise aimeraient quand même pouvoir choisir l’éducation de leurs enfants. Ils n’ont pas les moyens de payer les écoles privées, mais ne peuvent se résoudre à envoyer leurs enfants à l’école du coin dans laquelle ils ne trouvent pas du tout ce qu’ils rêvent pour eux. Les parents de la classe très moyenne ont aussi des rêves d’avenir pour leurs enfants, messieurs, mesdames les sénateurs. Ils ont aussi le rêve de donner une éducation qu’ils jugent à la hauteur de leurs attentes. D’autres parent sont entrés en résistance contre les programmes que l’on sert aux enfants dans les écoles. Est-il encore permis de résister, est-il encore permis de s’opposer? Peut-être est-ce dans cette résistance que se cache la peur de l’Etat? J’entends déjà le « oui, mais contester, et résister ne se fait pas au dépend d’un enfant. » Je suis parfaitement d’accord avec vous! C’est pourquoi, il y a déjà en place une structure garde-fou prévue par l’Etat et qui s’assure que l’enfant instruit en famille reçoit une instruction adéquate. Un inspecteur passe tous les ans vérifier ce qui est fait. De plus, une enquête sociale menée par la mairie s’assure que ces enfants sont bien traités. Et je renverrai la balle aux différents Ministres de l’Education, les grands idéaux de pédagogie ou les réformes d’idéologie ne doivent pas se faire non plus au dépend des enfants…
Sur nos huit enfants, nos trois premiers sont passés par des études post-bac. Le premier a fait Sciences Po et une année à la sélective London Business School, le deuxième s’apprête à faire un master en cinéma documentaire, la troisième est en hypokhâgne, le quatrième qui en est terminale avec les félicitations dans son bulletin du premier trimestre, hésite pour l’an prochain entre une faculté de droit ou une hypokhâne à son tour… Jusqu’à maintenant, nos enfants ne semblent pas avoir souffert de nos choix. Nos quatre plus jeunes semblent en bonne voie aussi. Ceci dit, je serais aussi fière d’eux s’ils faisaient partie des compagnons de France en ébénisterie, ou autre activité manuelle si ce choix était le leur!
Justement avoir la liberté de choix, les parents (pas seulement ceux qui pratiquent l’IEF) désirent et veulent la conserver. Retirer le droit à l’instruction en famille est une ingérance intolérable du gouvernement. Je suis inquiète quand le ministre Vincent Peillon affirme: « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix. » Quel choix nous reste-t-il nous citoyens autre que celui que nous impose l’Etat. C’est là l’Etat de liberté?
Cette mesure visant les parents « récalcitrants » via la suppression du droit de faire l’école maison touche tous les parents, car c’est une intrusion dans notre autorité parentale, une substitution à nos droits de parent. Et c’est pourquoi la pétition est signée par bien plus de gens que les seuls concernés par l’IEF.
Messieurs, mesdames les sénateurs, si vous voulez remettre efficacement et avec dignité (car cette proposition de loi est totalement indigne) les enfants de l’IEF dans les écoles, mettez votre énergie à améliorer l’école. Car ainsi vous serez payés à être enfin efficaces. Faites de nos écoles un vrai lieu du savoir et de la connaissance (et non un lieu où l’on met au programme des CE1 l’apprentissage des rollers- c’est gentil mais ça gruge sur les savoirs fondamentaux). Faites de nos écoles une vraie lutte au harcèlement et construisez-nous une école avec une ouverture à la diversité. Renoncez au collège unique. Mettez en place des structures réellement intégrantes pour les élèves en difficulté. Et je vous garantis que les parents cesseront de déserter les établissements. Enfin, cela ne concerne que 0,3% de la population, mais cela semble vous tracasser beaucoup. Ce faisant , vous rendrez service à la population entière, soit les 99,97% autres enfants qui méritent d’étudier dans un système qui leur assure mieux que 20% d’échec et 12% d’harcèlement quotidien.
Les sociétés anglo-saxonnes ont un rapport très différent face à l’école maison. Les universités ont tendance à rechercher les profils talentueux issus de ce mouvement car ils ont compris qu’une façon différente de penser enrichit une société… Regardez de plus près comment cela se passe en Angleterre, aux USA et au Canada anglais au sujet du « homeschooling » et vous serez étonnés. D’ailleurs, vous pourrez y consulter les rapports sur la socialisation qu’ils se sont donné le mal de faire avant de penser à condamner ce mouvement. Et les rapports sont très positifs!
N’hésitez pas à montrer votre appui en signant la pétition contre le projet de loi visant à limiter l’accessibilté de l’IEF
Merci pour ton billet ! J’espère que ce projet de loi n’aboutira pas…
Oui, moi aussi, j’espère bien. Je vais mettre le lien de Mari du point de vue d’une juriste…