Quand nous voulons donner une explication à notre enfant, il est bon de se rappeler qu’il faut partir du plus simple pour aller ensuite au plus compliqué. En mathématiques, John Mighton que j’avais cité dans un article précédent, affirme que lorsqu’un enfant ne comprend pas un concept, il faut lui illustrer un exemple similaire avec des nombres plus petits, plus simples. Chez moi, j’ai souvent remarqué que lorsqu’un de mes enfants n’arrive pas à savoir quelle opération utiliser , je ramène le topo du problème à une histoire de bonbons et je choisis de petits nombres. Par exemple, si on lui demande combien de récipients de 25 L aura-t-il besoin pour écouler 16350 litres, je lui pose
la question: « combien de sachets pouvant contenir 5 chocolats devra-t-il prévoir pour répartir 25 chocolats. » En général, cela suffit! L’éclair passe devant les yeux, il saisit. Si cela n’est pas suffisant, je fais dessiner.
En cela, nous ne différons pas des enfants. Je m’approprie souvent un raisonnement en le changeant simplement d’échelle de grandeur!
En français, je procède de même. Je pars encore du plus simple pour aller vers le plus compliqué. Je préfère voir la nature des mots spécifiques: nom, article, verbe, adjectif, pronom etc… avant d’amener l’enfant au concept plus complexe du groupe nominal, ou du groupe verbal. Ce n’est pas par goût des vieilles méthodes, c’est juste beaucoup plus efficace de procéder ainsi. Et je reprends toujours l’exemple de la même phrase de base qu’ils entendent dès le CP et qui les suit encore au collège: « Pierre mange de la soupe. » Sujet, verbe, complément. La base… et je reviens sans cesse à cette phrase en la complexifiant selon la nouvelle notion à donner « A Paris, ce midi, le petit Pierre mange lentement de la soupe aux carottes . » Cette phrase est non seulement une référence de base, mais un réflexe dans leur esprit. Elle leur permet d’entrer dans de nouveaux horizons à partir du connu. La voix passive leur parait tout de suite plus évidente en entendant: « La soupe est mangée par Pierre. » Je n’avais pas réalisé que j’utilisais cette phrase depuis près de deux décennies. Récemment, un de mes aînés, m’entendant donner cet exemple à sa petite soeur se prit de compassion pour le « pauvre » Pierre et me dit: « Il n’en n’a pas marre de la soupe depuis le temps? »