Prendre la route de l’école maison n’est jamais une décision banale… C’est se mettre à bien des égards en marge des autres dans une société pour laquelle l’école occupe la place centrale dans la vie des enfants. L’école détermine le calendrier de l’année, ponctue la vie économique, les horaires des bibliothèques jeunesse et des activités para-scolaires. En choisissant cette voie, il nous faut manœuvrer de telle sorte que nos enfants n’aient pas à souffrir de ce choix. Et depuis près de deux décennies, je suis parvenue, je crois, à toujours intégrer mes enfants dans la société au travers d’implication personnelle, ou le biais d’inscription des enfants dans des activités leur assurant des contacts sociaux.
L’école maison est une fenêtre qui s’ouvre sur le monde en offrant tout simplement un panorama un peu différent. Pourquoi choisir cette voie? Je peux donner des tas de raisons pratiques, mais au fond la plus profonde touche sans doute le sens de la vie… Avec qui ai-je envie de passer le plus de temps? A la fin de leurs jours, nombre de personnes regrettent de ne pas avoir passé assez de temps avec les leurs, avec ceux qu’ils aiment… A qui ai-je envie d’enseigner (je suis enseignante) ? Où ai-je envie de voir mes enfants passer leur journée? Dans un groupe de 25 élèves de 8 hres à 16hres? Je crois que l’apprentissage se passe mieux en petits groupes, je crois que la violence dans les écoles n’est pas obligatoire à subir pour se développer. Je crois que l’école est une invention moderne qui, certes, peut être une belle expérience pour certains, mais n’est pas la seule voie existante : avant il était naturel que la transmission se passe en famille… Il est paradoxal que l’école maison puisse être considérée comme étant un parcours « anormal ». Comme si toute l’humanité depuis son apparition avait tendu vers l’institution scolaire comme achèvement du développement humain… L’école est un choix de société qui s’est étendu suite à la révolution industrielle.
Pourtant, arrive un âge où, oui, l’enfant a besoin de « sortir » du milieu familial. Mais avant, je n’en vois pas l’obligation… surtout quand mes enfants ne sont pas demandeurs. Et les miens savent de quoi ils parlent puisqu’ils ont déjà expérimenté la chose… Ceci étant dit, je ne suis absolument pas anti-système scolaire. Je crois vraiment que l’on peut s’y épanouir. Mais j’aime bien pouvoir avoir le choix…