Lorsque j’ai fait ma formation pour devenir enseignante, on nous avait enseigné qu’il ne fallait surtout pas enfermer un enfant dans une étiquette. Un enfant peut toujours nous étonner, et en lui attribuant une étiquette il risque de ne pas pouvoir en sortir. Car, nous disait-on, l’enfant croit ce qu’on lui dit.
Les années qui ont suivi ont été une explosion d’identification de troubles d’apprentissage dans les milieux scolaires. Cela rend sans doute beaucoup de services et permet de mettre en place des aides efficaces afin de trouver des stratégies d’enseignement visant à contrer les difficultés d’apprentissage. Pour un professeur dans une classe, pouvoir compter sur un suivi extérieur pour aider ces élèves en difficulté est très précieux. Et aider un enfant en souffrance est la priorité.
Pourtant, au fil du temps, j’ai eu parfois l’impression, tant à l’école qu’en IEF, que l’on faisait disparaître l’identité propre de l’enfant, pour mettre sans cesse de l’avant la difficulté d’apprentissage. Certaines connaissances n’avaient plus un enfant nommé Jules, mais un dyslexique/dysorthographique. Et il ne s’agissait plus de Clara, mais d’une TED.
Quand un enfant rencontre un obstacle majeur, il est de notre devoir de mettre en place toutes les aides nécessaires. Mais à la maison, il m’apparaît important de travailler avec Jules, et de ne pas mettre de l’avant sans cesse sa dyslexie. Une fois que nous savons, mettons l’accent sur la façon de travailler, sur les progrès personnels et la progression, parfois si minime, mais qui va dans le bon sens…Evitons de présenter notre enfant aux autres avec cette étiquette. Nos enfants nous entendent parler d’eux… Trouvons le positif et les belles réussites à révéler. Procédant ainsi, notre regard appréciera davantage les grandes richesses qui résident en notre enfant. Et notre enfant, entendant la foi que nous manifestons en lui, s’appropriera cette image positive…
A la maison, nous avons un avantage, celui de ne pas mesurer au quotidien notre enfant avec ses pairs… Profitons de cet avantage pour construire une image saine de lui-même. Je suis si surprise qu’aujourd’hui ce principe de base dans la formation des maîtres semble avoir disparu…