Trouver sa méthode


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L’école-maison est une longue route , et chaque chemin emprunté est unique. A la base, chaque famille entreprend cette aventure pour une raison particulière. Certaines le font car leur enfant n’arrive pas à fonctionner dans la structure du système scolaire: on parle d’enfants précoces, d’autres TED, certains « dys-ceci », « dys-cela », ou tout simplement un enfant qui ne s’intègre pas. D’autres familles choisiront ce sentier peu fréquenté pour  vivre un projet familial; certaines encore trouveront que l’école n’en fait plus assez au plan académique et prennent leur enfant en main; enfin d’autres y viennent car elles sont en butte avec tout ce qui est institution!

Une fois la décision prise, nous devrons, peu importe la motivation qui nous animait à la base, choisir notre méthode, notre approche. Encore là, les différences sont énormes allant du « unschooling » avec le moins de structure possible, aux cours par correspondance très encadrés.

L’éducation n’est pas un kit avec mode d’emploi tout intégré. Et ce même quand on prend des cours par correspondance. Chaque enfant étant différent, sa façon d’apprendre, sa capacité à travailler influeront beaucoup sur le chemin que nous emprunterons, et celui que nous emprunterons influera autant sur notre enfant…

Au fil des ans, j’ai beaucoup évolué dans mon approche. J’ai commencé avec mon aîné dès sa maternelle, et je montais tout par moi-même. Tant que je n’ai eu que des petits, il me fut facile de choisir des manuels avec lesquels j’aimais travailler, des projets qui parlaient à mes enfants et nous avancions, accueillant chacune des journée avec ce qu’elle avait à nous offrir. Nous faisions les maths et le français le matin, et avions le reste de la journée pour décider d’une sortie pédagogique, ou le jardinage, faire une recherche sur un pays. Une simple promenade à l’extérieur à ramasser des pierres et tenter de les classer ensuite pouvait être suffisante. Avec que des petits, c’est très réalisable! Les petits ont en eux ce goût inné d’apprendre. J’ai appris à lire à mon second grâce à des recettes de cuisine, car aucun manuel ne semblait l’accrocher!

On pense parfois à tort que l’école tue ce goût d’apprendre. Je redis -parfois- à tort. L’école peut être un lieu très dynamisant. Pour moi, ce le fut. Ma famille ne pouvait m’offrir toutes les portes de connaissance que l’école m’a ouverte. L’école fut une chance pour moi. Mais l’école n’est pas toujours ce lieu stimulant. La maison non plus d’ailleurs. L’école fait face à plusieurs défis qui rendent sa capacité à transmettre plus difficile. Si l’idée d’intégrer tout le monde est louable, laisser le professeur sans possibilité matérielle de le faire rend intenable la réussite de l’entreprise. De même, le rôle « désacralisé » du professeur et la possibilité qu’a chaque parent d’intervenir pour contester le travail en classe nuit fortement à l’enseignement. Enfin, l’idée de reléguer son rôle à celui de simple guide accompagnant le chemin d’une classe entière semble irréalisable. On peut accompagner le cheminement de 5 élèves, pas de 30… Il y a un seuil critique où l’enseignement nécessite une direction collective, ne nous voilons pas la face.

Malgré les défauts de l’école, je ne la crois pas responsable  du dégoût d’apprendre de l’enfant. Un enfant peut aussi perdre ce goût à la maison. Un enfant apprend naturellement avec joie jusqu’à 8-9 ans. Si on ne l’en a pas découragé par des remarques trop négatives et un travail inadapté. Il faut dire que les notions à voir, l’écrit demandé  jusque là ne rebutent pas généralement un enfant qui n’a pas de difficulté d’apprentissage. Mais à partir de 9 ans, l’enfant change de niveau intellectuel, et le travail à fournir commence à demander un effort. Pas tant de compréhension, mais de réalisation. L’exigence écrite devient plus grande, car les textes sont plus longs, et ce qui est à savoir est un peu plus exhaustif. Si on n’accompagne pas un enfant à ce moment là dans ce que j’appelle « développer le goût de l’effort », il risque fort bien de commencer à refuser de faire son travail scolaire, tant à l’école qu’à la maison s’il est en IEF. Et curieusement, les enfants les plus à risque sont souvent ceux qui ont le plus de facilité, car jusque-là, tout se faisait sans peine! Et comme l’enfant peut continuer à apprendre sans effort, ce n’est parfois qu’au collège, voire au lycée, qu’on se rend compte qu’un enfant n’a développé aucune capacité à travailler.

Par la suite, j’ai eu une longue période de cours par correspondance qui m’ont beaucoup appris, notamment au niveau du dosage à demander à un enfant. La tendance à l’école maison est de donner un travail avec une recherche fouillée de niveau universitaire alors qu’il assimilera mieux une notion courte et précise. Il n’est pas obligé de connaître le nom de toutes les tribus gauloises, ni tous les rites des druides à travers les siècles pour aborder cette période historique.

Enfin, je suis revenue à la préparation de cours par moi-même. Je ne m’identifie pas à un courant particulier tel Montessori, constructivisme ou autre. J’ai pour principe, quand une idée est bonne, je la prends, peu importe qu’elle soit promue par des structuristes intégristes, des personnes du courant Freinet,  Steiner ou Montessori, ou encore de John Holt.  J’aime avoir une large palette de ressources et je préfère ne pas adhérer totalement à une idéologie. Je pioche donc tout autour de moi, et forme un canevas qui ressemble à « ma » classe. Avec le temps, j’ai préféré avoir une structure bien montée, mais « souple ». Car il est plus facile de travailler dans un cadre bien défini. Travailler nez au vent ne se fait pas sans douleur avec le temps. Les enfants qui ne sont pas inscrits dans une routine finissent par rechigner devant l’effort…

C’est au fond le temps qui forge notre méthode…

A propos Brune

Mère-enseignante de 8 enfants. Site: grandirpresduchataignier
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4 commentaires pour Trouver sa méthode

  1. claire-lise dit :

    Ouahhh…que c’est beau et doux à lire: C’est tellement vrai tout ce que tu partages. Je suis la méthode montessori, mais je ne refuse de m’enfermer dedans. Il y a tellement d’autres choses à découvrir….

    Il est également important de garder une ligne rouge, un fil conducteur sur lequel construire !

    Merci, cela m’encourage beaucoup.

    • Brune dit :

      Merci de ton commentaire Claire-Lise 🙂 Plusieurs grands pédagogues ont fourni des idées très stimulantes. On peut puiser à tant de sources! Tu as raison de ne pas te laisser enfermer. Le risque d’être jusque « boutiste » est de développer de la rigidité, alors que l’éducation demande de la souplesse, de la liberté et,- tu as encore raison – une ligne conductrice cohérente, avec un zeste d’exigence… 🙂

  2. martine42 dit :

    Merci Brune pour ce billet .
    Il me réconforte dans la nouveauté de l’IEF avec Melle J; qui se trouve justement dans l’âge critique du « 9 ans ». Il est que le concept Montessori peut être aussi erroné car très mode ,donc il faut faire la part du vrai et du faux . Ici, on préfèrera piocher un peu dans différentes ressources .
    Martine42

    • Brune dit :

      Je vous souhaite une excellente année avec Mlle J .Vous allez trouver au fil des semaines le plaisir de fonctionner avec les différentes ressources. Elles ne manquent pas!

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