Si je devais définir l’un des fondements de « mon »école-maison, ce serait celui de préserver l’enfance. Je me souviens du titre d’un petit livre que j’avais acheté aux Etats-Unis au début des années 1990 et qui s’intitulait « Keeping childhood ». C’était d’inspiration Waldorf et avait été écrit par une mère faisant l’école à la maison. Même si je ne suis pas entièrement adhérente des méthodes Waldorf , je pense que cette approche met en valeur l’enfance et ce à quoi elle devrait ressembler. Une enfance au contact des éléments de la nature, de l’observation, de jeux, des jouets simples, idéalement fabriqués « maison », de travaux manuels, d’histoires racontées et  beaucoup de moments de tendresse. Notre monde met une pression énorme sur nos tout-petits. Nous exigeons d’eux des apprentissages de plus en plus précoces. Pourtant, ce temps de la douce enfance ne passera pas deux fois. Une grande partie de ce qui sera la suite de notre vie s’y installe. La notion de bonheur y prend bien souvent sa source. L’enfant a largement le temps entre 6 et 16 ans d’acquérir la lecture, l’écriture, le calcul et tout le bagage culturel que nous souhaitons lui transmettre. Mais cette douce période où l’on prend le temps de s’asseoir et d’observer une fourmilière, de sauter dans des flaques d’eau sans qu’il n’y est une intention pédagogique intervient dans la première enfance. Sachons la préserver. La société crie à l’autonomie le plus tôt possible. J’insiste sur une autonomie en son temps. Nous désirons tous guider nos enfants vers l’autonomie, mais ce n’est pas en tirant sur la plante qu’elle grandira plus vite. Ou en la « shootant » d’engrais -bien que favorisant sa croissance, que nous nous assurerons d’une plante en forme car ainsi nous la fragiliserons . Pour bien grandir, une plante a besoin de soins, et qu’on réponde à ses besoins (lumière, eau, minéraux). Si on répond aux besoins d’un enfant, il grandit et passe à une autre étape, simplement, naturellement…

Depuis quelques années, les marchés du jouet ont cessé de créer des jouets aux enfants de plus de 7 ans, en rupture avec la tradition d’autrefois où les enfants  jouaient bien plus longtemps. Les jeux vidéo ont supplanté les jouets. Étonnamment  cette société qui cherche à faire vieillir ses enfants le plus vite possible se retrouve avec une période d’adolescence qui n’en finit plus. Si bien que l’on a inventé le terme « adulescent » pour les adultes qui manquent de maturité. Ne poussons pas nos enfants trop rapidement vers l’avant. Suivons leur rythme, respectons leurs besoins de jeu. Il y a tout un phénomène « d’enfants précoces ». Dans notre monde, ça ne s’invente pas!!! Et c’est à qui n’aura pas son enfant précoce et qui ne « sautera » pas une classe, symbole de la nouvelle fierté parentale! Pourquoi sommes-nous si pressés? Pourquoi chassons-nous si rapidement l’enfance?

 Sachons au contraire l’encourager, la remplir de tendresse. A un moment, après le primaire, l’enfant passe naturellement à autre chose, et mûrit pleinement à son rythme. Comme le fruit que l’on laisse sur la branche jusqu’à maturité, plutôt que de le retirer très précocement en espérant le faire mûrir artificiellement…