Le châtaignier est un arbre fabuleux. Fort, il s’élève vers les hauteurs et sa robustesse rassure. Il y en a plusieurs autour de la maison. C’est un arbre prodigue qui imprègne bien l’enfance en offrant en abondance ses fruits. La récolte est agréable pour un enfant, à condition de ne pas ramasser ses bogues hostiles! Le fruit lisse, marron s’entasse facilement dans les poches. Les enfants m’en ramènent à profusion. J’ai de gros saladiers remplis qui attendent d’être épluchés pour finir en crème de marron ou d’être entaillés et roussis dans le poêle à bois, pour une dégustation réconfortante dans un cornet de papier.

Les enfants aiment aussi les bricoler avec des bâtons d’allumettes, ou alors les compter, les aligner, les exposer dans un coin nature. Merveilleuse châtaigne! Ce fruit est aussi toute une métaphore de l’apprentissage. Sa bogue épineuse demande mille précautions pour l’approcher, et cela ne se fait pas sans heurt. Pourtant, la bogue s’ouvre toute seule quand on sait attendre le juste moment. N’est-ce pas aussi ainsi avec nos enfants? A forcer prématurément sur des apprentissages, on s’échine, on se pique, on risque de se dégoûter de goûter au fruit… Quand on atteint enfin la châtaigne, reste encore à l’éplucher. Cela ne se fait pas sans labeur. On oublie trop souvent aujourd’hui que l’apprentissage requiert du travail, de l’effort. Tout ne peut s’apprendre que par le jeu. Quand on peut rendre le travail amusant, n’hésitons pas. Parfois, écrire, retenir, faire un effort pour comprendre nécessite de la sueur. Mais une fois l’effort fourni, quel délice que de goûter au savoir, à la connaissance!